par la contemplation des mains actives qui
achevaient le dévidage de l’écheveau.Le groupe
disparut ; le soir venait.
Les troupeaux rentrèrent avec les labou-
reurs et je me blottis dans le foin qui garnis-
sait mon logis. Je m’endormis d’un bon somme.
Un bruit léger à la porte du clapier, discret
d’abord, puis plus actif me tira de ma torpeur.
UN BRUfT LÉGER A LA PORTE
J’ouvris les yeux, et là, devant moi le chat,
debout, essayait de glisser une patte à travers
le treillis et de me happer avec ses griffes. Je
me reculai doucement, sans trop de frayeur ;
ma prison était solide. Après quelques tenta-
tives assez bénignes, le chat s’éloigna.
D’un ciel presque sans nuages les rayons de
la lune tombaient sur le sommet des arbres
qui se couronnaient de délicates nuances d’un
gris argenté ; les tuiles des granges rayonnaient
doucement du ton orangé des lumières mêlé
aux ombres rousses dans une délicieuse harmo-
nie. Soudain un bruit léger de menus pas, un
bruit contenu, un bruit connu me fit tressaillir.
A la porte de ma cellule, ma mère, cette fois,
ma mère me regardait! Je faillis m’évanouir
de surprise et de joie.
L’instinct maternel avait réalisé cette mer-
veille de révéler ma trace à cette bonne mère
et de la conduire jusqu’à ma prison, alors que,
parmi les nôtres, les lapereaux sont si souvent
abandonnés dès leurs premiers pas ! Après nos
premières effusions il fut question de notre
famille, puis nous résolûmes de nous revoir
souvent, mais bientôt il s’agit d’un plan d’é-
vasion. Serait-elle possible ? Comment la réa-
liser ?
Nous en aurions arrêté les grandes lignes
sans le chien de garde qui rôdait ; il découvrit
ma mère et se précipita. D’un bond, ma mère
se mit hors de la portée du lourdaud. De la
porte du jardin elle me fit un signe qui disait :
Bon courage ! au revoir ! à bientôt !
L’espoir m’était revenu, tenace cette fois ;
il me soutint tout le jour.
(A suivre). Jeannot.
— 80
achevaient le dévidage de l’écheveau.Le groupe
disparut ; le soir venait.
Les troupeaux rentrèrent avec les labou-
reurs et je me blottis dans le foin qui garnis-
sait mon logis. Je m’endormis d’un bon somme.
Un bruit léger à la porte du clapier, discret
d’abord, puis plus actif me tira de ma torpeur.
UN BRUfT LÉGER A LA PORTE
J’ouvris les yeux, et là, devant moi le chat,
debout, essayait de glisser une patte à travers
le treillis et de me happer avec ses griffes. Je
me reculai doucement, sans trop de frayeur ;
ma prison était solide. Après quelques tenta-
tives assez bénignes, le chat s’éloigna.
D’un ciel presque sans nuages les rayons de
la lune tombaient sur le sommet des arbres
qui se couronnaient de délicates nuances d’un
gris argenté ; les tuiles des granges rayonnaient
doucement du ton orangé des lumières mêlé
aux ombres rousses dans une délicieuse harmo-
nie. Soudain un bruit léger de menus pas, un
bruit contenu, un bruit connu me fit tressaillir.
A la porte de ma cellule, ma mère, cette fois,
ma mère me regardait! Je faillis m’évanouir
de surprise et de joie.
L’instinct maternel avait réalisé cette mer-
veille de révéler ma trace à cette bonne mère
et de la conduire jusqu’à ma prison, alors que,
parmi les nôtres, les lapereaux sont si souvent
abandonnés dès leurs premiers pas ! Après nos
premières effusions il fut question de notre
famille, puis nous résolûmes de nous revoir
souvent, mais bientôt il s’agit d’un plan d’é-
vasion. Serait-elle possible ? Comment la réa-
liser ?
Nous en aurions arrêté les grandes lignes
sans le chien de garde qui rôdait ; il découvrit
ma mère et se précipita. D’un bond, ma mère
se mit hors de la portée du lourdaud. De la
porte du jardin elle me fit un signe qui disait :
Bon courage ! au revoir ! à bientôt !
L’espoir m’était revenu, tenace cette fois ;
il me soutint tout le jour.
(A suivre). Jeannot.
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