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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[juin 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0278
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— 272 —

asiie nous parut sûr après cette alerte ! Le
lendemain, au réveil, je sortis le premier pour
le petit déjeuner. La pelouse était saupoudrée
d’une neige fine; chaque brin d’herbe scintil-
lait au soleil. Il semblait qu’une bonne fée eût
jeté là, à pleines mains, les perles et les dia-
mants.
« Les cerisiers é-
taient tout fleuris
comme ils le seront en
mai ; les pins avaient
des quenouilles blan-
ches préparées pour
filer des nuages d’été ;
les sapins semblaient
prêts pour 1a- plus fan-
tastique des veillées
de Noël. Les hêtres,
les frênes, les érables
portaient des chapeaux
soutachés d’argent
clair. Il n’était pas
d’arbre, d’arbuste ou
d’arbrisseau qui n’eût
des aiguillettes ou
des panaches blancs
comme pour marcher,
à travers l’hiver, vers
la victoire du prin-
temps. Les toiles d’a-
raignée avaient rais des jabots de dentelles aux
habits brillants des genêts ; les buissons scin-
tillaient comme des lustres... et le lichen lui-
même formait, sur les rameaux de lisière, des
houpettes poudrées où le vent qui passe s’en-
nuage de blanc b »
Cette féerie me ravit. C’était la première
fois que pareil spectacle s’offrait à ma vue.
J’appelai ma mère et ma sœur qui vinrent jouir
de cette beauté. Deux heures plus tard il ne
restait plus rien de ces merveilles. Le soleil
avait réduit en gouttelettes, perles et diamants,
et le trèfle me parut plus tendre sous cette
précieuse rosée.
Promenade.
Vers midi rien ne paraissait plus de ce joli
spectacle du matin ; un bon soleil nous invitait
à sortir et je résolus de m’aventurer vers la
ferme de ma petite amie.
Décidément une bonne fortune me favori-
sait. La voix d’Andrée me parvint bientôt :
— - Tiens ! mange, Cadichon ! disait la voix
connue. Un rire jeune répondit à Andrée.
A quelques pas je vis la jeune fille, un genou
1. J. Nesmy. Les quatre saisons de la forêt.

en terre devant un âne superbe, l’âne de la
ferme. Elle tendait au grison une touffe
d’herbe que l’animal happait sans façon de ses
grosses lèvres allongées en une mimique drôle
et plaisante. Un garçonnet, juché sur le bau-
det, regardait la manœuvre de la bonne bête,
amusé et triomphant.

— Assez ! Cousine, assez ! Laisse-nous trot-
ter encore un peu !
La jeune fille s’écarta. Cadichon, obéissant
à la voix de l’enfant, reprit son petit trot au
grand amusement de son cavalier.
Andrée ne m’avait point aperçu ; je ne vou-
lus pas attirer son attention et je la regardai
s’éloigner, attentive aux exercices de ce petit
cousin dont j’avais entendu parler quelquefois.
Le congé de la Toussaint avait amené à la cam-
pagne l’enfant des villes qui s’amusait de cette
course à travers le bois, sur la monture jusque-
là docile à ses caprices.
C’est une bonne bête que ce Cadichon. Je
l’avais vu souvent attelé à la petite charrette,
obéissant aux guides qu’Andrée sait tenir d’une
main ferme et sûre, lorsqu’elle se promène avec
sa petite sœur, par la campagne. Pourtant il
est têtu parfois le baudet de la ferme ; il re-
doute les autos qui mènent grand bruit, le
dépassant dans leur course rapide et l’aveuglant
du nuage de la poussière soulevée sur la route,
tandis que le moteur l’effraye de son mugis-
sement et que la trompe agace ses oreilles de
ses coin ! coin ! sonores et multipliés.
(A suivre) Jeannot.
 
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