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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[juillet 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0310
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avaient commencé leur travail ; une large
tranchée devait découvrir les racines d’un hêtre
centenaire marqué pour rabattage. Chariot
travaillait avec ces hommes et sa bêche experte
soulevait de larges mottes de gazon. Soudain,
je le vis se baisser dans un mouvement de
curiosité empressée. Son outil venait de heur-
ter un corps dur ; le crissement du fer annon-
çait un coffret de métal. C’était bien une boîte
d’acier que Chariot venait de déterrer. Ses
compagnons de travail, intrigués par cette
aventure, s’approchèrent curieux.


— Ah ! une bonne aubaine ! s’exclama le
chef des travaux. Un trésor caché ! Une for-
tune !
Déjà Chariot avait introduit sous le couver-
cle la forte lame de son couteau de poche ;
une pesée brusque fit sauter la fermeture
rouillée. La boîte était pleine d’une fine cen-
dre de bois que l’humidité du sol avait res-
pectée. Les doigts de Chariot fouillèrent hâti-
vement dans cette poudre noirâtre.Il en tira un
objet enveloppé d’un léger papier de soie qui
en laissait deviner les formes.
— Une statuette !
— Une statuette ici, au pied d’un arbre.
Une Vierge assise avec l’Enfant Jésus sur ses
genoux !

— Elle doit être bien vieille cette statue,
pas vrai, reprit Chariot. Elle ressemble à la
Vierge qui se trouve au-dessus de la porte de
notre église, et elle est antique cette Madone !
— Oui, elle lui ressemble ; c’est singulier.
— Regarde au fond de la boîte, Chariot ;
il y a1 peut-être encore autre chose, un papier,
on ne sait quoi.
Chariot fouilla minutieusement. Ses doigts
rencontrèrent un objet solide ; c’était une
pièce de monnaie, un louis d’or qu’il montra
triomphant aux deux ouvriers.
— C’est un vrai, un vieux, un
rare !
— Que faire de cela ? Portons au
château la boîte et son contenu ; on
verra bien.
Les bêches et les haches furent
laissées sur le chantier et les trois
ouvriers se dirigèrent vers le châ-
teau en causant avec animation. Là
ils apprendraient la valeur de la
trouvaille et peut-être l’origine de
ce curieux dépôt, en un pareil en-
droit. Puis la statue n’appartenait-
elle pas au châtelain ? On l’avait
trouvée dans sa propriété ; de plus,
au dire de l’ouvrier le plus âgé,
un vol avait été commis jadis, dans
les collections d’antiquité du père
du châtelain actuel. Plusieurs pièces
d’or, des statuettes et des objets
divers avaient disparu. Le voleur,
découvert longtemps après son mé-
fait, l’avait en partie avoué. Quel-
ques médailles et des lampes ancien-
nes trouvées chez lui étaient ren-
trées en possession du propriétaire.
On supposa le reste vendu à l’é-
tranger et perdu pour jamais.
Cette cassette ne faisait-elle point partie
elle-même du trésor du château comme les ob-
jets qu’elle renfermait ? Peut-être aussi qu’au
pied du hêtre, d’autres richesses étaient en-
fouies et qu’en poursuivant les travaux on les
mettrait au jour.
Les ouvriers discutaient sur ces choses lors-
qu’ils arrivèrent à la porte du château.
(A suivre). Jeannot.

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