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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[août-sept. 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0357
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Charité.
Dès mon retour au terrier, je racontai les
aventures de J. écureuil à ma mère qui partagea
ma confiance dans ia terme d' Andrée et encou-
ragea mes projets de secours au solitaire des
grands arbres.
Plusieurs jours, durant iesquels je ne vis plus
1 écureuil, s'écoulèrent monotones et pluvieux.
Je le rencontrai enfin par une matinée pius
clémente. i)e nouveau le givre avait suspendu
aux brandies des arbres ses dentelles d’argent
et notre voisin, juché sur son hêtre, semblait
bien frileux et ennuyé de ce froid piquant.
J’attirai son attention par un léger cri qu’il
perçut et je le vis me chercher de ses yeux
vifs. Il me reconnut ; en un instant il fut au
pied de l’arbre où il nichait. Sans préambule,
pressé par le désir de le sauver des mauvais
jours, je l’invitai à me suivre. Nous allâmes
aussitôt de compagnie ; lui, sautillant joyeuse-
ment par le petit sentier qui mène à la ferme,
moi un peu soucieux et préoccupé du succès de
ma démarche.Pourtant, avec une certaine fierté
de la bonne action que j’allais accomplir, je
conduisis mon nouvel ami par le jardin. Le
pignon du grenier fait face à ce jardin; un
cerisier en espalier monte le long de ce mur
et s’étale, en éventail, sur les briques rouges.
Deux petites lucarnes rarement closes, même
en hiver, donnent de l’air et de la lumière dans
ce grenier où le fermier entasse ses provisions
de froment, de farine, de légumes secs ainsi
que la récolte de noix et de noisettes qui est
à la disposition des enfants. Je connais ces dé-
tails par le dire des domestiques et les conver-
sations d’Andrée avec son frère et sa sœur.
Je conduisis donc mon ami jusqu’au pied du
cerisier et lui fis comprendre, en deux mots,
quelle bonne aubaine lui était réservée là-haut.
Bien vite, avec la réserve prudente que ses mal-

heurs iui avaient enseignée, l’écureuil se mit
en devoir de pénétrer uans ie grenier. Ln quel-
ques bonds il atteignit la lucarne ; d’un regard
méfiant il explora le trou d’ombre qui s’ouvrait
devant lui. Un saut brusque le rejeta sur la
branche à peine quittée, évidemment quelque
danger était à craindre. Que se passait-il ?
Une ombre parut devant la lucarne, à l’inté-
rieur du grenier ; des voix résonnèrent. Je re-
connus Andrée, ma petite protectrice.
L’écureuil avait regagné le sol ; il se blottit
près de moi sous la haie de fusain et je lui
conseillai la confiance. Bientôt quelques débris
de noix et de noisettes tombèrent sur le sol,
auprès de nous. Evidemment les enfants goû-
taient à ces fruits. Je crus sage d’attirer l’at-
tention d’Andrée et poussai le petit cri qu’elle
connaît. Je vis, aussitôt, se pencher à la lu-
carne ; elle me distingua près du pignon où je
m’étais avancé.
De mon mieux j ’attirai son attention sur mon
compagnon qui s’était approché. Un cri de sur-
prise et de joie attira la sœur et le frère d’An-
drée ; Reine et Marcel se réjouirent à notre
vue.
— Tiens, mais c’est Jeannot ! s’écria Marcel.
— Et quel joli compagnon il a trouvé là !
s’exclama Reine à son tour.
— Ne criez pas, reprit Andrée, vous les ef-
fraieriez. Puis, sa voix douce, que je n’avais eu
le plaisir d’entendre depuis longtemps, reprit :
— Eh bien ! Jeannot, on ne te voit plus !
Que deviens-tu donc ? Et quel est cet ami que
tu promènes par le froid ?... Attends! J’ap-
porte quelques noisettes.
L’enfant reparut bientôt, la main pleine de
noisettes et de noix qu’elle jeta fort adroite-
ment à nos pieds. L’écureuil eut un sursaut;
mon calme le rassura. Il saisit une noisette,
s’assit commodément, la queue relevée en pa-
nache au-dessus de sa tête ; de ses petites pattes

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