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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

DOI issue:
[août-sept. 1923]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0358
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de devant il fit rouler la noisette avec une mer-
veilleuse dextérité. Un coup de dent sec fit
sauter la moitié de ia dure enveloppe et, sans
façon, mon ami grignota le fruit savoureux.
.Les enfants s'amusèrent fort de cette habi-
leté et de cette grâce de mon ami. 11 fut con-
venu qu’on lui donnerait, chaque jour sa petite
provision. Andrée me dit que l’écureuil pou-
vait grimper au grenier pour choisir lui-même
ce qu’il désirait. En assurant ma protectrice
que j’avais compté sur sa générosité, je ia re-
merciai d’une bonté qui me rassurait. Une voix,
la voix de ieur mère, appela les enfants qui
nous firent des signes d’adieu. Ils disparurent.
L’écureuil achevait de grignoter ses noisettes.
Au fond, cette coïncidence imprévue de la
présence d’Andrée me tranquillisait. J’étais sûr
de sa bonté. Lorsque je conseillais à mon anu
de grimper au grenier et d’y prendre ce qui lui
était indispensable, j ’ avais conscience de ne pas
manquer à la justice. Le besoin de l’écureuil,
grave et urgent, n’autorisait point de délais ;
de plus, je savais qu’Andrée consentirait à
nourrir mon ami dès qu’elle connaîtrait son
indigence. Mais toutes choses s’arrangeaient au
mieux; nous nous séparâmes enchantés. L’écu-
reuil regagna le bois. Pour moi, je voulus pas-
ser devant la maison de mère Séraphine.
Une fortune I
J’allais entrer dans le jardin lorsque je vis
sortir le facteur, l’air intrigué.
Une lettre pour mère Séraphine, pensai-je ;
de nouveaux ennuis, peut-être,comme au temps
du braconnage de Chariot. Que peut-il se pas-
ser ? J’approchai discrètement. Le sort de ces
braves gens m’intéresse beaucoup et je voulus
savoir quelle tristesse ou quelle joie leur appor-
tait le courrier, si rare chez mère Séraphine.
Chariot travaillait au bois ; Louise et mère
Séraphine s’interrogeaient avec étonnement,
sur le contenu possible de cette lettre recom-
mandée. La vieille femme brisa l’enveloppe
cachetée de cire rouge ; ses mains tremblaient,
mais elle voulut lire elle-même tandis que
Louise, anxieuse et pâle d’émotion, penchée
sur l’épaule de sa mère, parcourait rapidement
des yeux la missive. L’en-tête imprimé attira
d’abord son attention.
— Quoi ! L’étude de M° Robert, le no-
taire !...
Mère Séraphine, la voix tremblante, lut

l’imprimé qui portait quelques lignes complé-
mentaires écrites à la main.


Maître Robert vous prie de passer samedi
prochain, dix-huit courant, en son étude, rue
du Long bail. Une communication importante
vous sera faite au sujet de l’héritage que vous
laisse votre frère décédé à Melbourne, le trois
mars dernier.
Veuillez agréer...
Le papier s’échappa des mains de mère Sé-
raphine ; ses bras s’abattirent sur ses genoux ;
la tête penchée sur sa poitrine elle se tut.
Louise, inquiète, lui prit la main affectueuse-
ment. La vieille femme se ranima.
— Mon frère est donc mort ! Je ne savais
plus rien de lui depuis vingt ans ! Et si loin !
si loin !...
Elle reprit encore : Qu’est-ce que cet hé-
ritage ?
— Rassurez-vous, mère. Nous saurons bien-
tôt ce dont il s’agit. Demeurez calme et de-
main vous apprendrez comment la. Providence
nous vient en aide et récompense notre bonne
volonté.
J’avais de la peine à contenir ma joie, et bien
vite j’allai porter à ma mère la nouvelle du
bonheur de ces pauvres gens.
(A suivre) Jeannot.
 
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