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https://doi.org/10.11588/diglit.19210#0059
MÉLANGES D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE BYZANTINES 49
veuve. C'est ainsi qu'il haïssait les gens rapaces et ceux qui
s'enrichissent des biens injustement acquis
Les empereurs, du reste, ne se soumettaient pas toujours de
bonne g race aux rigueurs du protocole, et aimaient souvent à
enfreindre les règles de l'étiquette et des convenances suran-
nées de la cour. Michel 111 (842-867) prenait un malin plaisir à
blâmer « la grande sottise et l'orgueil de ses prédécesseurs ».
Un jour qu'il chevauchait à la tête de son escorte, il vit une
fjmme sortant d'un bain. Aussitôt il descend de cheval, renvoie
son escorte au Palais, prend le vase que la jeune femme portait
dans ses mains et lui dit : « Daigne me recevoir dans ta
maison, je voudrais manger du pain de son et du fromage
piquant ». A ces paroles, la jeune femme fut glacée de stupeur :
elle n'avait rien pour recevoir chez elle une Majesté. Mais
'empereur n'est pas emba rrassé. 11 prend le voile de lin qu'elle
avait rapporté encore tout humide du bain, l'étend sur le soi
en guise de nappe et prenant les clefs du logis, il se transforme
en maître de maison, cuisinier, sommelier. Après avoir déjeuné
en compagnie de la jeune femme, il revint à pied et à pas lenls
au Palais \
Une autre anecdote montre la sollicitude qu'un autre empe-
reur, Basile Ier (867-886) témoigna à son peuple, au cours d'une
procession dominicale à l'église des Saints-Apôtres. Dans le
trajet, il aperçoit des citoyens à la mine sombre et triste; et,
s'approchant d'eux, il leur demande pourquoi ils n'avaient pas
revêtu leurs habits de fête et pourquoi ils avaient cet air contrit
comme si la ville eût été frappée d'une grande calamité. L'un
d'eux répondit : « Seigneur, à toi et à ceux qui t'escortent, il
convient d'avoir de riches habits et de se réjouir. Mais cela ne
convient pas à ceux qui attendent la mort ». A ce^ paroles,
1) Cf. Codin., de Officiis, V, p. 30-31 ; Cedrenus, t. II, p. 106-107, et les
miniatures de Skvlitzès (Millet, Hautes Éludes, C. 93i, 935, 936, 937).
2) Cf. Cedrenus, t. Il, p. 176, et la miniature de, Skvlitzès dans Hevlié,
L'Habitation byzantine, Paris, 1902, p. 90.
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veuve. C'est ainsi qu'il haïssait les gens rapaces et ceux qui
s'enrichissent des biens injustement acquis
Les empereurs, du reste, ne se soumettaient pas toujours de
bonne g race aux rigueurs du protocole, et aimaient souvent à
enfreindre les règles de l'étiquette et des convenances suran-
nées de la cour. Michel 111 (842-867) prenait un malin plaisir à
blâmer « la grande sottise et l'orgueil de ses prédécesseurs ».
Un jour qu'il chevauchait à la tête de son escorte, il vit une
fjmme sortant d'un bain. Aussitôt il descend de cheval, renvoie
son escorte au Palais, prend le vase que la jeune femme portait
dans ses mains et lui dit : « Daigne me recevoir dans ta
maison, je voudrais manger du pain de son et du fromage
piquant ». A ces paroles, la jeune femme fut glacée de stupeur :
elle n'avait rien pour recevoir chez elle une Majesté. Mais
'empereur n'est pas emba rrassé. 11 prend le voile de lin qu'elle
avait rapporté encore tout humide du bain, l'étend sur le soi
en guise de nappe et prenant les clefs du logis, il se transforme
en maître de maison, cuisinier, sommelier. Après avoir déjeuné
en compagnie de la jeune femme, il revint à pied et à pas lenls
au Palais \
Une autre anecdote montre la sollicitude qu'un autre empe-
reur, Basile Ier (867-886) témoigna à son peuple, au cours d'une
procession dominicale à l'église des Saints-Apôtres. Dans le
trajet, il aperçoit des citoyens à la mine sombre et triste; et,
s'approchant d'eux, il leur demande pourquoi ils n'avaient pas
revêtu leurs habits de fête et pourquoi ils avaient cet air contrit
comme si la ville eût été frappée d'une grande calamité. L'un
d'eux répondit : « Seigneur, à toi et à ceux qui t'escortent, il
convient d'avoir de riches habits et de se réjouir. Mais cela ne
convient pas à ceux qui attendent la mort ». A ce^ paroles,
1) Cf. Codin., de Officiis, V, p. 30-31 ; Cedrenus, t. II, p. 106-107, et les
miniatures de Skvlitzès (Millet, Hautes Éludes, C. 93i, 935, 936, 937).
2) Cf. Cedrenus, t. Il, p. 176, et la miniature de, Skvlitzès dans Hevlié,
L'Habitation byzantine, Paris, 1902, p. 90.
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