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https://doi.org/10.11588/diglit.19210#0110
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REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
Pâques, le patriarche, entouré du clergé, se rendait au palais
où le même rituel était célébré qu'autrefois1.
Il y eut aussi quelques innovations. Autrefois l'empereur ne
prenait aucune part au rite du lavement des pieds' (viicnfip).
Au xiva siècle, la cérémonie avait lieu au palais, le Jeudi-Saint,
avant le service liturgique. On allait chercher douze pauvres
et l'on apportait un bassin. Un prêtre lisait l'Évangile et, quand
il est arrivé au verset : « Jésus verse l'eau dans le bassin », le
basileus remplit ce dernier. Les pauvres sont amenés portant
chacun un cierge, et lorsque le prêtre a prononcé les paroles :
« Jésus se mit à laveries pieds de ses disciples jusqu'au dernier »,
l'empereur lave le pied droit de chaque pauvre, l'essuie avec
le linge dont il est ceint, puis le baise. La cérémonie terminée,
l'empereur donne à chacun des indigents une somme d'argent®.
C'est en cette seule occasion que l'empereur fait une largesse
officielle. Rien dans ce cérémonial du xrva siècle ne rappelle
les libéralités d'autrefois, ni ces distributions que le basileus
tout puissant avait l'habitude de faire à ses sujets aux fêtes
religieuses. L'empereur ménage ses deniers. Il ne peut plus
célébrer les somptueux banquets d'autrefois. Après avoir accom-
pli ses dévotions aux grandes fêtes ecclésiastiques, il s'assied
tout seul à table4.
C'est que l'empire était très affaibli. Les finances étaient
misérables; on vivait presque uniquement d'expédients. Depuis
la reprise de Constantinople par les Grecs (1261), la force
économique de la capitale alla en s'épuisant. La cour devint
de plus en plus pauvre. En 1347, tous les bijoux impériaux ont
disparu3. L'historien Michel Ducas comprenait si bien le mal-
heur des temps, qu'il appelle Jean VIII Paléologue, le dernier
1) Cf. Codin., XIV, p. 77, v. plus haut, p. 96.
2) Cf. J. Ebersolt, op. cit., p. 194.
3) Cf. Codin., op. cit., XII, p. 70-7i.
4) Cf. Codin., op. cit., VI, p. 53; X, p. 68; XIV, p. 76, 78. Sur la célébra-
tion de ses repas, v. plus haut, p. 84.
5) Cf. J. Cantacuzène, Historia, IV, 5, éd. Bonn, p. 33.
REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
Pâques, le patriarche, entouré du clergé, se rendait au palais
où le même rituel était célébré qu'autrefois1.
Il y eut aussi quelques innovations. Autrefois l'empereur ne
prenait aucune part au rite du lavement des pieds' (viicnfip).
Au xiva siècle, la cérémonie avait lieu au palais, le Jeudi-Saint,
avant le service liturgique. On allait chercher douze pauvres
et l'on apportait un bassin. Un prêtre lisait l'Évangile et, quand
il est arrivé au verset : « Jésus verse l'eau dans le bassin », le
basileus remplit ce dernier. Les pauvres sont amenés portant
chacun un cierge, et lorsque le prêtre a prononcé les paroles :
« Jésus se mit à laveries pieds de ses disciples jusqu'au dernier »,
l'empereur lave le pied droit de chaque pauvre, l'essuie avec
le linge dont il est ceint, puis le baise. La cérémonie terminée,
l'empereur donne à chacun des indigents une somme d'argent®.
C'est en cette seule occasion que l'empereur fait une largesse
officielle. Rien dans ce cérémonial du xrva siècle ne rappelle
les libéralités d'autrefois, ni ces distributions que le basileus
tout puissant avait l'habitude de faire à ses sujets aux fêtes
religieuses. L'empereur ménage ses deniers. Il ne peut plus
célébrer les somptueux banquets d'autrefois. Après avoir accom-
pli ses dévotions aux grandes fêtes ecclésiastiques, il s'assied
tout seul à table4.
C'est que l'empire était très affaibli. Les finances étaient
misérables; on vivait presque uniquement d'expédients. Depuis
la reprise de Constantinople par les Grecs (1261), la force
économique de la capitale alla en s'épuisant. La cour devint
de plus en plus pauvre. En 1347, tous les bijoux impériaux ont
disparu3. L'historien Michel Ducas comprenait si bien le mal-
heur des temps, qu'il appelle Jean VIII Paléologue, le dernier
1) Cf. Codin., XIV, p. 77, v. plus haut, p. 96.
2) Cf. J. Ebersolt, op. cit., p. 194.
3) Cf. Codin., op. cit., XII, p. 70-7i.
4) Cf. Codin., op. cit., VI, p. 53; X, p. 68; XIV, p. 76, 78. Sur la célébra-
tion de ses repas, v. plus haut, p. 84.
5) Cf. J. Cantacuzène, Historia, IV, 5, éd. Bonn, p. 33.