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Elle porte en elle les créations de civilisations plus anciennes. Elle a évolué pendant dix
siècles et est entrée en contact avec les écoles musulmanes de l'Asie antérieure et avec
les écoles chrétiennes d'Orient, syriaque, copte, arménienne. Véhicule léger, elle a
porté au loin les créations des centres les plus divers, jusqu'en Occident. Depuis le
début de ce siècle nos céramiques, nos étoffes et tout notre art décoratif reflètent un
vif attrait pour l'Orient. Mais cette mode n'est pas nouvelle. L'exotisme et l'orienta-
lisme avaient déjà agi par intermittence dés le moyen âge, en Italie, en France, en
Allemagne. En Orient, cette action a été plus continue et plus profonde. La longue
durée, l'abondante production de la miniature byzantine lui ont assuré une expansion
dans l'art géorgien, russe, bulgare, serbe, roumain.
Cet art qui a rayonné à la fois en Occident et en Orient, s'est formé et développé
dans plusieurs centres : dans la capitale, dans les grandes villes et dans les monastères
de province. Le classement selon les pays d'origine et selon les groupements par
écoles serait facilité si la provenance exacte des œuvres de ce temps était connue. Mais
peu nombreux sont les manuscrits à miniatures datés et signés par les enlumineurs
qui semblent avoir pris plaisir à cacher leur personnalité. Les échanges incessants
rendent particulièrement délicate la tâche de l'historien. Même lorsqu'il sait qu'un
manuscrit provient de telle contrée, il peut se demander s'il est en présence d'un
modèle importé ou d'un produit du sol même.
Quand les renseignements tirés du texte, de l'écriture, d'une note ajoutée ne per-
mettent pas de fixer l'origine et la date, c'est aux considérations de style et à l'étude
iconographique que l'on fait appel pour résoudre le problème. Moyens précieux et légi-
times, mais qui ne sont pas infaillibles. Dans ce formulaire à base traditionnelle il est
difficile de discerner la part d'invention et de renouvellement, l'œuvre personnelle de
chaque enlumineur et de chaque école. Certains manuscrits peuvent se classer par
groupes homogènes, par familles, remontant à un prototype plus ancien. Cet original
a souvent disparu et ce n'est que par les variantes postérieures que l'on peut conjec-
turer l'existence d'un archétype. Mais lorsqu'un type de manuscrit enluminé n'est
connu que par un seul exemplaire, la méthode comparative ne permet pas toujours
de reconnaître si l'on est en présence d'un original ou d'une simple réplique, si le
miniaturiste n'a pas composé tout à sa guise et selon son inspiration ou s'il avait sous
les yeux un modèle.
Les manuscrits classés par époque, groupés autant que possible autour de monu-
Elle porte en elle les créations de civilisations plus anciennes. Elle a évolué pendant dix
siècles et est entrée en contact avec les écoles musulmanes de l'Asie antérieure et avec
les écoles chrétiennes d'Orient, syriaque, copte, arménienne. Véhicule léger, elle a
porté au loin les créations des centres les plus divers, jusqu'en Occident. Depuis le
début de ce siècle nos céramiques, nos étoffes et tout notre art décoratif reflètent un
vif attrait pour l'Orient. Mais cette mode n'est pas nouvelle. L'exotisme et l'orienta-
lisme avaient déjà agi par intermittence dés le moyen âge, en Italie, en France, en
Allemagne. En Orient, cette action a été plus continue et plus profonde. La longue
durée, l'abondante production de la miniature byzantine lui ont assuré une expansion
dans l'art géorgien, russe, bulgare, serbe, roumain.
Cet art qui a rayonné à la fois en Occident et en Orient, s'est formé et développé
dans plusieurs centres : dans la capitale, dans les grandes villes et dans les monastères
de province. Le classement selon les pays d'origine et selon les groupements par
écoles serait facilité si la provenance exacte des œuvres de ce temps était connue. Mais
peu nombreux sont les manuscrits à miniatures datés et signés par les enlumineurs
qui semblent avoir pris plaisir à cacher leur personnalité. Les échanges incessants
rendent particulièrement délicate la tâche de l'historien. Même lorsqu'il sait qu'un
manuscrit provient de telle contrée, il peut se demander s'il est en présence d'un
modèle importé ou d'un produit du sol même.
Quand les renseignements tirés du texte, de l'écriture, d'une note ajoutée ne per-
mettent pas de fixer l'origine et la date, c'est aux considérations de style et à l'étude
iconographique que l'on fait appel pour résoudre le problème. Moyens précieux et légi-
times, mais qui ne sont pas infaillibles. Dans ce formulaire à base traditionnelle il est
difficile de discerner la part d'invention et de renouvellement, l'œuvre personnelle de
chaque enlumineur et de chaque école. Certains manuscrits peuvent se classer par
groupes homogènes, par familles, remontant à un prototype plus ancien. Cet original
a souvent disparu et ce n'est que par les variantes postérieures que l'on peut conjec-
turer l'existence d'un archétype. Mais lorsqu'un type de manuscrit enluminé n'est
connu que par un seul exemplaire, la méthode comparative ne permet pas toujours
de reconnaître si l'on est en présence d'un original ou d'une simple réplique, si le
miniaturiste n'a pas composé tout à sa guise et selon son inspiration ou s'il avait sous
les yeux un modèle.
Les manuscrits classés par époque, groupés autant que possible autour de monu-