Félibien, André: Des Principes De L'Architecture, De La Sculpture, De La Peinture, Et Des Autres Arts Qui En Dépendent: Avec Vn Dictionnaire des Termes propres à chacun de ces Arts (Paris, 1676)

LIVRE PREMIER, 4Î
quantité qu'on veut dans une place fortùnie^ Se la
mettre de deux ou trois pieds de haut.
Ensuite il faut la couvrir égal lement par tout de
bon sable, environ un pied ou deux d'epaisseur, Se
jettant de l'eau par dessus > en verser par tout une
assèz grande quantité , pour faire que le sable en soir
si bien abreuvé que la Chaux qui efl: délions se puilTe
infuser Se dissoudre sans se brusser. Si l'on apper-
çoit que le sable se fende en quelque endroit &
fasse passage à la fumée , il faut auiii-tofl: recou-
vrir les crevasses avec d'autre sable > afin que la va-
peur ne sorte pas. Car le sable elïant mouillé de
la sorte Se la Chaux bien couverte, elle se conver-
tira en une ma{se de graille y laquelle lors qu'orr
l'entamera au bout de deux y trois ou dix ans resfem-
bleraàun fromage de crème. Cette matière sera si
grasse Se si glutineuse qu'on n'en pourra retirer le
rabot qu'avec peine : 6V mangeant quantité de sa-
ble 3 fera un mortier d'un tres-excellent usage pour
les incrustations Se enduirs des murailles ; pour les-
ouvrages de fine, &pour les peintures à fraisque y
Caries couleurs se conservent bien mieux sur un
mortier iairde cette sorte., que sur celuydontla
chaux est fraisehement esteinte , qui fait fendre &
crevasser les enduits., changer & altérer la beauté des-
couleurs.
Quant au Sable il y en a de diveries natures Se de du
différentes bontez j Les uns font plus de profit Se
se lient mieux avec la chaux que les autres.. Il y en
a qui sont si gras Se si excellens qu'on en met cinq
parties^ mesme jusques àsept;contre une partie de
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