Félibien, André: Des Principes De L'Architecture, De La Sculpture, De La Peinture, Et Des Autres Arts Qui En Dépendent: Avec Vn Dictionnaire des Termes propres à chacun de ces Arts (Paris, 1676)

44<? DE LA PEINTURE,
que deux , parcequ'il y a certains Ouvrages , ou
l'on ne fait que remplir les vuides d'une de ces
feuilles avec les morceaux qui sorcent de l'autre ,
quand il ne s'agit que de faire des M oresques de deux
sortes de bois.
Lorsque toutes les pièces sont enlevées , avec la
sie l'on donne l'ombre à celles qui en ont besoin,
en les mettant dans du sable chaud ou autrement,
avec la discretion necessaire pour les ombrer plus
ou moins. Eniuite on les plaque, chacune sélon sa
place , sur un fond d'autre bois , ôc on les y fait te-
nir avec de bonne colle forte d'Angleterre. Pour
faire les fonds on prend d'ordinaire du Sapin ou du
Chesne bien sec, afin qu'ils ne se tourmentent pas 5
Et mesme l'on n'employé pas des pièces qui soient
trop longues; Les Ouvriers soigneux de faire un bon
Ouvrage, coupent, ôc établirent leur fond de plu-
sieurs pièces , estant moins sujet à se dejetter , que
quand il est d'un bois long. Ils prennent aulli plu-
tostdu bois de înerain, ou marain, que du bois de
siage, parce que celuy-cy se tourmente davantage
que celuy de merein, qui estant fendu sélon son
fil ne se tourmente pas tant, c'est pourquoy ilsse
servent de vieilles douves de muid.
Quand les mesmes Ouvriers representent quel-
ques Figures au naturel, soit des personnages, soit
des animaux, soit des fleurs, soit des fruits ou autre
chose , par le rapport de plusieurs petits morceaux
de bois, de différentes couleurs qui imitent la Pein-
ture , ils appellent cela de la Peinture en hois. Et ceux
qui travaillent de cette manière prétendent que ces