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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 7.1881-1882

DOI article:
Lenormant, François: Un ex-voto carthaginois
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https://doi.org/10.11588/diglit.25013#0085

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77

Sur l’importante stèle votive de Carthage que M. Renan veut bien commu-
niquer à la Gazette archéologique, et dont on trouvera la représentation en
héliogravure à la planche 17, il est impossible de méconnaître la figure d’une
divinité grecque. C’est Perséphonè-Corê que l’artiste a sculptée debout sous
un édicule, faisant delà main droite avec son voile le geste nuptial et portant
sur sa main gauche une scapliê remplie de grenades. La panthère de Dionysos,
son époux infernal, placée dans le tympan du fronton de l’édicule, achève de
la caractériser delà manière la plus formelle.

Diodore de Sicile (1) raconte que, lorsque les Carthaginois, en 396, pendant
leur guerre avec Denys l’aîné, mirent le siège devant Syracuse,, ils pénétrèrent,
sous la conduite de Ilimilcon, dans le faubourg d’Achradine et. profanèrent
les temples somptueux qui y étaient élevés en l’honneur de Dêmêter et de
Perséphonê. L’armée des Carthaginois ayant été ensuite frappée de la peste
et affligée d’autres désastres, le Sénat de Carthage y vit un châtiment de
l’impiété dont Himilcon s’était rendu coupable et voulut se concilier le pardon
et la bienveillance des déesses offensées. On leur éleva donc des statues à
Carthage aux frais du public, on institua officiellement en leur honneur des
sacrifices solennels suivant les rites grecs, et on leur consacra un collège de
prêtres choisis parmi les citoyens les plus notables. M. Davis (2), en s’appuyant
sur des raisons sans valeur sérieuse, a prétendu mettre en doute ce témoignage
de Diodore. S’il en était besoin, la stèle que nous publions, apporterait une
réfutation définitive des dires de l’explorateur anglais. Du reste, à partir du
moment où l’on commença à frapper à Carthage même des monnaies d’or,
d’argent et de cuivre, vers 350 avant Jésus-Christ, elles eurent invariablement
pour type, sur le droit, la tête de Dêmèter ou celle de Perséphonê (3).

La forme des H de l’inscription ne serait peut-être pas un indice de basse
époque aussi décisif que semble le penser mon éminent confrère M. Renan.
Nous en voyons de ce type dans la légende d’une monnaie d’or de Carthage
que son style et le caractère gréco-sicilien de sa gravure ne permettent pas
de faire descendre beaucoup plus tard que la fin de la première guerre

(1) XIV, 63 et 77. Vov. Miinter, Religion der
Carthager,p. 108; Saulcy, Mém. de l’Acad, des
Inscriptions, nouv. sér,,t. XV,2° part., p. 53.

(2) Carthage'and its remains, p. 194.

(3) L. Müller, Numismatique de l’ancienne Afri
que, t. II, p. 110-115.
 
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