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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 7.1881-1882

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Lenormant, François: Un ex-voto carthaginois
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https://doi.org/10.11588/diglit.25013#0086

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punique (1). Mais, au point de vue de l’art, je ne. crois pas que l’on puisse
regarder la sculpture de la stèle du Musée de Turin comme antérieure au
11e siècle, à l’époque qui va de la seconde à la troisième guerre punique. Dès
lors, n’est-on pas en droit de conjecturer que ce monument, dans son inscrip-
tion, mentionne un personnage connu de l’histoire, en la personne du suffèle
Maharbaal, le père du dédicateur, le suffète Melekiaton?

En effet, il est un Maharbaal qui joue un rôle considérable dans les premières
années de la seconde guerre punique, comme le principal lieutenant d’Hannibal.
C’est lui qui, au siège de Sagonte, reçoit le commandement de l’armée en
l’absence du général en chef (2). Les Alpes franchies, il est lancé en avant à
la tête de sa cavalerie pour ravager la plaine du Pô, et Hannibal le rappelle
auprès de lui un peu avant la bataille du Tessin (3). Après celle du Trasimène,
c’est lui qui force à capituler le corps romain de 6,000 hommes qui était
parvenu à échapper au désastre (4). Peu après, il détruit le corps du préteur
C. Centinius, qui cherchait à rejoindre le consul (5). A Cannes, c’est lui qui
commande l’aile droite de l’armée carthaginoise, ou suivant d’autres la
cavalerie, et qui, lorsqu’IIannibal vainqueur refuse de marcher droit sur Rome,
lui dit le mot fameux : « Tu sais vaincre, mais tu ne sais pas profiter de la
victoire (6). » Maharbaal figure encore au siège de Casilinum (7); ensuite son
nom disparaît des événements de la guerre en Italie. A une date qu’il est
impossible de préciser, il revint en Afrique, et plus tard nous le retrouvons (8)
commandant en chef de l’armée chargée de faire rentrer dans l’obéissance
les tribus libyennes révoltées à la suite des désastres qui avaient terminé la
seconde guerre punique, après la bataille de Zama. Ce n’était pas le pre-
mier venu qui pouvait être appelé à la magistrature suprême des suffètes;
mais précisément le Maharbaal dont je viens de rappeler les hauts faits était

(1) L. Millier, t. II, p. 84, n° 46. Le cabinet de
France en possède un bel exemplaire dans la col-
lection de Luynes.

(2) T. Liv., XXI, 12.

(3) T. Liv., XXI, 45.

(4) Polvb., III, 84 et 85; T. Liv., XXII, 6 et 7;
Appian., Hannib., 10.

(5) Polyb., III, 86; T. Liv., XXII, 8; Appian.,
Hannib., 11.

(6) Cat. ap. A. Gell., Noct. attic., X, 24; T.
Liv., XXII, 13, 46 et 51 ; Appian., Hannib., 20 et
21; Flor., II, 5; Zonar., IX, 1. Plutarque est
seul à attribuer ce mot à un personnage du nom
de Barqa : Fab., 17.

(7) T. Liv., XXIII, 18.

(8) Frontin., Strategem., II, 5 et 12.
 
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