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Robiou, Félix: Quelques mots de géographie antique, au sujet d’un bronze de Sardaigne
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13o
navale, livrée h l’embouchure du Nil, qui fut l’épisode caractéristique de celte
guerre. Bien d’autres prisonniers, liés parla tige de la plante symbolique du Nord,
figurent dans le tableau de Médinet-Abou : S’asu, Khéta, Am or, Liku, Daanauna,
Tuirs’a, Zakuri, Palis ta (1) ; aucun d’eux ne porte le casque à double pointe, comme
le S’ardana du même tableau (2). Il ne porte d’ailleurs, on le comprend, aucune
pièce d’armure que celle qui lui sert de coiffure ; mais les S'ardanas de Ramsès II
avaient un grand bouclier rond, très différent du bouclier formant une demi-ovale
que portaient les soldats égyptiens; dans le tableau
de la bataille navale (3), l’opposition entre la forme
des boucliers égyptiens et s’ardanas est visible à
tous les yeux. Or c’est le grand bouclier rond que
porte la figure trouvée dans l’ile de Sardaigne,
surmonté il est vrai d’un appendice qui ne se'
trouve pas ailleurs et légèrement dissimulé, dans
la photographie, sous une apparence ovale. Mais
cette dernière n’est autre chose que l’effet de l’obli-
quité : l’ellipse est, en géométrie descriptive, la
projection du cercle dont le plan n'est pas paral-
lèle au plan do projection. Le bouclier de la figu-
rine de bronze porte un wnbo conique, bien pro-
noncé. On ne le retrouve pas à Ibsamboul ; mais
cela serait impossible, puisqu’on ne voit que le des-
sous du bouclier porté par le soldat de Ramsès II.
Le bouclier rond est encore porté par des S'arda-
nas dans la bataille sur terre que représentent les
pl. CCXX et CCXX bis de ) ’diampol lion.
Il me paraît donc résulter de tout l’ensemble des monuments que le peuple appelé
S’ardanas par les Egyptiens de la xix° et de la xx° dynastie, désigné expressément à
Médinet-Abou comme peuple de la mer et figurant dans la bataille navale, est bien
celui qui a peuplé l'ile de Sardaigne, conservant son nom antique pour les géo-
graphes grecs et romains, comme il l’a conservé pour nous. Un peuple insulaire
d’ailleurs peut bien être conquis ; il n’est pas expulsé de ses demeures. Mais les
(1) Voy. Brugsch, Gcogr. Inschriften t. Il,
pl. lit, V, VIII, X, XI.
(2) Ibid. pl. IX; le S’ardana de Ramsès It est
représenté sur lapl. X. Pour le groupe de ees
ligures voy. Champollion, Monuments de l'Egypte
et de la Nubie, pl. CG 11, CG11I.
(3) PI. CGXXIt des Monuments de VÉgypte et
de la Nubie. Le bouclier semi- ovale des Égyptiens
se retrouve aux planches CCVII, CCX, CCIX,
CCXX, CCXX1, CGXXIII, toutes appartenant aux
tableaux des triomphes de Ramsès 111, à Médinet-
Abou.
navale, livrée h l’embouchure du Nil, qui fut l’épisode caractéristique de celte
guerre. Bien d’autres prisonniers, liés parla tige de la plante symbolique du Nord,
figurent dans le tableau de Médinet-Abou : S’asu, Khéta, Am or, Liku, Daanauna,
Tuirs’a, Zakuri, Palis ta (1) ; aucun d’eux ne porte le casque à double pointe, comme
le S’ardana du même tableau (2). Il ne porte d’ailleurs, on le comprend, aucune
pièce d’armure que celle qui lui sert de coiffure ; mais les S'ardanas de Ramsès II
avaient un grand bouclier rond, très différent du bouclier formant une demi-ovale
que portaient les soldats égyptiens; dans le tableau
de la bataille navale (3), l’opposition entre la forme
des boucliers égyptiens et s’ardanas est visible à
tous les yeux. Or c’est le grand bouclier rond que
porte la figure trouvée dans l’ile de Sardaigne,
surmonté il est vrai d’un appendice qui ne se'
trouve pas ailleurs et légèrement dissimulé, dans
la photographie, sous une apparence ovale. Mais
cette dernière n’est autre chose que l’effet de l’obli-
quité : l’ellipse est, en géométrie descriptive, la
projection du cercle dont le plan n'est pas paral-
lèle au plan do projection. Le bouclier de la figu-
rine de bronze porte un wnbo conique, bien pro-
noncé. On ne le retrouve pas à Ibsamboul ; mais
cela serait impossible, puisqu’on ne voit que le des-
sous du bouclier porté par le soldat de Ramsès II.
Le bouclier rond est encore porté par des S'arda-
nas dans la bataille sur terre que représentent les
pl. CCXX et CCXX bis de ) ’diampol lion.
Il me paraît donc résulter de tout l’ensemble des monuments que le peuple appelé
S’ardanas par les Egyptiens de la xix° et de la xx° dynastie, désigné expressément à
Médinet-Abou comme peuple de la mer et figurant dans la bataille navale, est bien
celui qui a peuplé l'ile de Sardaigne, conservant son nom antique pour les géo-
graphes grecs et romains, comme il l’a conservé pour nous. Un peuple insulaire
d’ailleurs peut bien être conquis ; il n’est pas expulsé de ses demeures. Mais les
(1) Voy. Brugsch, Gcogr. Inschriften t. Il,
pl. lit, V, VIII, X, XI.
(2) Ibid. pl. IX; le S’ardana de Ramsès It est
représenté sur lapl. X. Pour le groupe de ees
ligures voy. Champollion, Monuments de l'Egypte
et de la Nubie, pl. CG 11, CG11I.
(3) PI. CGXXIt des Monuments de VÉgypte et
de la Nubie. Le bouclier semi- ovale des Égyptiens
se retrouve aux planches CCVII, CCX, CCIX,
CCXX, CCXX1, CGXXIII, toutes appartenant aux
tableaux des triomphes de Ramsès 111, à Médinet-
Abou.