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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Heuzey, Léon: Vases à figurines de l’îIle de Chypre
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0016
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VASES A FIGURINES DE u’iLE DE CHYPRE

Il importe d’ajouter que le grand vase, juste au point où la figurine y est soudée, se
trouve percé de plusieurs trous, qui le mettent en communication avec le petit. Grâce
à cet artifice, lorsque l’eau coulait du grand vase, c’était la figurine de femme qui
paraissait la verser avec sa cruche. Il y a là une de ces imaginations un peu enfantines,
qui plaisent aux industries primitives ou populaires. Les artisans chypriotes en parti-
culier n’étaient pas du tout ennemis de ce genre de fantaisie, par lequel l’objet usuel
et familier, le meuble, le vase ou l’instrument, prend volontiers le caractère amusant
d’un jouet.

Pour le style, la figurine de femme appartient à l'époque où les potiers chypriotes'.
travaillaient encore sous l’influence de l’art oriental. C’est une maquette plate, dont la
tête est ceinte d’une écharpe, roulée en forme d’étroit turban. La couleur noire sert à
dessiner au trait quelques détails du visage ou du costume et à teinter la chevelure,
tombant en deux masses le long du cou.

Quant à la couleur du fond, la figurine et le vase tout entier qu’elle décore sont d’un
ton de pourpre sombre, que l’on pourrait prendre à première vue pour une coloration
artificielle; mais il est facile de reconnaître que cette nuance est celle même de la terre,
qui est une argile à part, d’un rouge violacé, couverte seulement cl’un léger vernis. A la
partie inférieure de la panse, il n’y a pour ornements cpie deux zones de lignes noires,
avec filets blanchâtres. Le col et la région qui l’entoure sont semés de cercles concen-
triques, au milieu desquels on remarque, grossièrement dessinés au trait, toujours avec
la couleur noire, deux coqs affrontés (ou peut-être un coq et une poule1). Ces oiseaux,
entre lesquels se dresse justement la petite femme en relief tenant sa cruche, sont tracés
d’une main si peu sûre que l’on dirait des croquis à l’encre, rajoutés de nos jours par
quelque écolier : cependant, après expérience faite, je dois reconnaître que le trait
paraît avoir subi le feu avec la terre.

On a déjà signalé la présence du coq, cette fois peint en blanc, sur un fragment
provenant d’un vase chypriote à cercles concentriques, très voisin de l’aiguière que
nous décrivons2. Le fait n’est pas aussi insignifiant qu’il peut le paraître : car ce
gallinacé, absolument étranger à l’ancienne iconographie égyptienne et chaldéo-
assyrienne, inconnu à la tradition de la Bible comme à la poésie homérique, n’a été
introduit que tardivement dans l’Asie occidentale et dans les régions de la Méditerranée,
sans doute à la suite de la domination des Perses, bien qu’il se montre déjà sur quelques
cylindres qui peuvent remonter à l’époque du nouvel empire babylonien3. 11 ne se ren-
contre pas non plus sur les vases grecs de style dit corinthien. Une des représentations
les plus anciennes que l’on en puisse citer pour l’Asie Mineure se trouve sur le tombeau

1. L’un n’a pas de crête apparente, mais la forme
générale est plutôt celle du coq.

2. Voir le mémoire cité plus loin, p. 4, note 1. Ce

fragment s’y trouve reproduit à la page 52, fig. 35.

3. Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh ciud
Babylon, pages 538, 539.
 
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