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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Baye, Joseph de: Le tombeau de Wittislingen au Musée national bavarois (Munich)
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0032
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18 LE TOMBEAU DE WITTISLINGEN.

archéologique. A Wittislingen, nous voyons, au contraire, un ensemble d’objets d’orfè-
vrerie d’un travail soigné et typique, qui soulève deux questions importantes. A quel
peuple appartiennent ces bijoux et cette inscription? Quelle date leur assigner?

Les archéologues, qui regardent Byzance comme le centre des œuvres artistiques à
l’époque barbare, ne manqueront pas de considérer le mobilier funéraire de Wittislingen
comme appartenant à l’art byzantin. D’autres, et ce sont les plus nombreux, y verront
le produit d’un art original qu’ils appelleront barbare ou germanique b II semble que
cette riche découverte, par suite de comparaisons, peut aider à substituer à ces qua-
lifications vagues un terme désignant un groupe de peuples que nous allons spécifier.

C’est vers l’Orient, vers la frontière de l’Europe et de l'Asie, qu’il faut rechercher à
la fois le berceau d’un art appelé à s’imposer et la présence d’un peuple destiné à
dominer par sa civilisation un large ensemble de tribus qui lui étaient inférieures. Ce
peuple, le plus civilisé des Barbares, avait su utiliser les inspirations et les richesses de
l’Orient, pour créer, à l’aide d’éléments variés, un style original. En se répandant vers
l’Occident, il y a importé les produits de cet art. Les objets apportés par les premiers
conquérants étaient nécessairement les plus somptueux, les plus parfaits et aussi les
meilleurs témoins de leur origine1 2. Ils doivent être fournis par les plus anciennes
sépultures des envahisseurs. Quels sont ces premiers conquérants qui, en se répandant
sur l’Empire romain d’Occident, se substituèrent peu à peu à la civilisation latine, alors
en décadence, et apportèrent cet art nouveau3? N’est-ce pas ce peuple qui séjourna
dans le sud de la Scythie4, porta ses armes en Asie5 et occupa successivement la Dacie6,

1. A-t-il pu exister un art germanique puisque la
carte de la Germanie n’a cessé de se modifier suivant
la prépotence, dans les diverses régions, des Franks,
des Suèves, des Alamans, des Goths, etc.?

2. Si les Goths, dans le temps de leur puissance,
n’employaient l’or que massif (Petrossa, La puszta
Bakod), plus tard, ils devaient bien s’abstenir de cette
prodigalité. C’est aussi dans les premiers temps qu’ils
se servaient beaucoup de pierreries et avec une prédi-
lection bien marquée des pierres rouges. Dans la
suite, quand les pierres précieuses vinrent à manquer,
on a été réduit à les remplacer par des imitations en
verroteries généralement rouges.

3. C’est dans ces contrées envahies par les Barbares
du ive au vine siècle, que l’archéologie moderne a su
découvrir peu à peu la trace de cette industrie long-
temps méconnue. [Histoire de Vorfèvrerie, par Ferd. de
Lasteyrie, 1877, p. 66.)

4. « Scithicas gentes hoc est Hunos, Alanos et

Gothos ». O. Vital, t. I, p. 119. — « Extremam

Scithiae partem, quae Pontico mari vicina est prope-
rant : quemadmodum et in pricis eorum carminibus
pene historico ritu in commune recolitur, quod et
Ablabius descriptor Gothorum gentis egregius veris-
sirna adtestatur historia. » Jordanes cité par Zeuss,
Die Deutsclien, p. 402. — « Ablavius enim historicus
refert, quia ibi super limbum Ponti, ubi eos diximus
in Scythia commanere, pars eorum, qui orientalem
plagam tenebant... dicti sunt Ostrogothae, residhui vero
Wesegothae in parte occidua. » Ibid., p. 409. —
« Sous la conduite de Filimer, ils se portèrent au sud
de la Scythie, vers les bords du Pont-Euxin. »
Lagneau, Anthropologie de la France, p. 728. — Etat
florissant de la nation des Goths, au bord du Pont-Euxin;
Jordanes, chap. XVI (éd. Nisard).

5. « Gothi arma per Asiam extendunt. » Gothorum
Sueonumque historia Io magno auctore ; lsingrin,
1558. —Jordanes, Hist. des Goths, III, 19, 20, VII,
34.

6. Jordanes, Hist. des Goths, chap. III.
 
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