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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Cartault, Augustin: Psyché assise - Éros au vol
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0061
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PSYCHE ASSISE — ÉROS AU VOL

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grosse couronne en bourrelet, surtout sur une tête fine et délicate, est moins seyante que
le cercle d’or de la Psyché Lecuyer. Du reste la comparaison des deux exemplaires
est fort intéressante et donne lieu sur les procédés de fabrication des coroplastes à des
considérations sur lesquelles j’ai souvent insisté. Des deux côtés c’est le même sujet
et la même facture, mais avec des différences qui font des deux objets deux œuvres d’art
absolument distinctes. Ni la pose, ni la draperie, ni le geste, ni la coiffure, ni les formes
ne sont identiques. Là c’est une jeune fille, ici une femme : là les deux pieds posent sur
le sol, ici ils sont suspendus en l’air et appuyés au rocher; là la coiffure rappelle les
couronnes en bourrelet fréquentes sur la tête d’Éros, ici nous n’avons qu’un ornement
appartenant à la toilette féminine. Là le torse est voilé par la tunique et un pan de
l’himation; ici il est nu. La Psyché Lecuyer tourne franchement la tête vers sa gauche
et l’ensemble de la figurine est droit et d’aplomb; la Psyché du Louvre regarde plus en
face et tout son corps s’incline vers la droite.

Ce qu’il faut signaler avant tout dans notre figurine, c’est la saveur toute mvrinéenne,
une espèce de goût de terroir qui ne se retrouve dans les produits cfaucune autre
fabrique de la Grèce propre ou d’Asie-Mineure. L’aspect même du rocher qui ressemble
à peu près à une enclume est tout à fait singulier. Cette forme se retrouve dans la
collection du Louvre et en particulier dans un cas où elle paraît peu appropriée à sa
destination, puisque le rocher sert de support à un personnage endormi1. La facture
des bras n’est pas moins caractéristique : les coroplastes myrinéens ont souvent modelé
l’avant-bras et les doigts fort raides ; la main n’est parfois qu’une mince couche d’argile
sommairement aplatie2. Il semble que les ouvriers qui étaient chargés de compléter
les figurines après le moulage n’ont pas toujours été fort soigneux ou même très
adroits et aussi consommés dans leur art que ceux qui avaient fabriqué le moule. Ce
qui est surtout curieux, c’est l’affection de la fabrique de Mvrina pour les grands gestes
qui détachent et éloignent les bras du corps, gestes qui ne sont pas toujours exempts
d’une certaine gaucherie. Tantôt le bras s’étend dans la direction horizontale3; tantôt
il se replie et vient soit à la hauteur de la tête, soit même au dessus. Les auteurs de la
Nécropole de Myrinci ont expliqué souvent avec science et finesse ces différents
gestes en restituant des accessoires absents 4. Mais je pense qu’assez fréquemment dans

1. Op. L, pl. xxii, fig. 2.

2. L’exemple le plus caractéristique est la main
gauche de la bacchante de lapl. xxiv, fig. 2, op. I. M.
Pottier pense que, dans la pensée de l’artiste, cette
main devait tenir un miroir et que c’est pour y coller
l’accessoire que celui-ci l’a ainsi aplatie et allongée ;
cela est fort possible ; mais la main gauche de notre
statuette est traitée d’une façon analogue, quoique
moins sommaire.

3. Op. L, pl. xxiv. fig. 2; pl. vin, fig. 2.

4. Pl. iv, la femme a bien l’air de verser sur son
bras le contenu d’une fiole à parfum ; pl. vi, fig. 1
nous avons bien affaire à un Éros tireur d’arc ; pl. xiv,
fig. 2 ; à un joueur de double flûte ; pl. xvi, fig. 6 , et
pl. xvn, peut-être à un Éros sphériste, etc. En
revanche, je croirai difficilement, avec M. S. Reinach,
que le Terme de Silène de la pl. vm, fig. 2, ait
jamais tenu à bout de bras par la queue une panthère
suspendue en l’air ; ce qui serait possible dans un
relief ne l’est plus dans une statuette en ronde bosse.
 
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