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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0086
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UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FOUCQUET

T2

soumis à un grossissement. Examinez-le avec une forte loupe. A la vérité, le trait
s’épaissira, les coups de pinceau deviendront plus apparents et la facture paraîtra plus
heurtée; mais h impression d’ensemble restera toujours aussi puissante. Il se révélera
même dans la bouche et dans les yeux je ne sais quoi de dur et d’impitoyable qui
rappellera quel redoutable modèle a posé devant le peintre. On peut le dire sans exagéra-
tion, l’effigie de Louis XI est un vrai portrait d’histoire, une de ces images vivantes qui
transmettent à la postérité, non seulement l’exactitude des traits, mais l’impression du
caractère moral.

Dans l’œuvre actuellement connue de Foucquet, le Louis XI du manuscrit français 19819
de la Bibliothèque nationale prend place à côté de deux autres admirables figures de
contemporains portraiturés dans les fragments du livre d’Heures de maître Etienne
Chevalier; Etienne Chevalier lui-même, vu en prières devant la Vierge, et le roi
Charles Vil représenté dans le rôle et la pose d’un roi mage adorant l’Enfant-Jésus h En
étudiant ces trois véritables merveilles, on devine ce que devaient être ces grands
portraits de l’artiste dont l’Étranger même garda plus d’un siècle la mémoire 1 2. On
s’explique les éloges enthousiastes que la vue de l’un d’eux, celui du page Eugène IV,
qui ne datait cependant que des débuts de l’auteur, inspirait à hltalien Francesco Florio.
« Bien que ce soit une œuvre de la jeunesse du peintre, avec quelle puissance de vision
et quelle vérité il a rendu son personnage! N’en doutez pas, ce Foucquet a le don de
tracer avec son pinceau des figures qui sont vivantes, et de renouveler presque les exploits
de Prométhée ».

Après le roi, les personnages qui peuvent être identifiés avec le plus de certitude sont
les quatre officiers de l’Ordre, chancelier, greffier, trésorier et héraut roi d’armes,
placés à l’arrière-plan, au fond du tableau, derrière le fauteuil de Louis XL J’ai déjà
indiqué par quels signes de costume ils se reconnaissent à première vue. Certains détails
particuliers permettent de les distinguer entre eux et de les nommer successivement
l’un après l’autre.

Le premier, en partant de la gauche du tableau, porte sur sa robe blanche un camail
rouge, tel qu’en ont les prélats et les chanoines (n° 8 de la planche). D’autre part, il tient
à la main une feuille de papier comme s’il s’apprêtait à faire une communication à
l’assistance. Ces deux traits nous indiquent le chancelier de l’Ordre. En effet, l’ordonnance
de création porte qu’il faudra choisir de préférence un ecclésiastique de haut rang pour
remplir cet office, et ajoute que celui-ci « aura charge de proposer et porter le langaige
tant aux chapitres qu’en autres lieux ez matières touchant l’Ordre.toutes les fois que

1. Les reproductions de ces deux pages forment les
planches A et N de 1 ’OEitvre de Jehan Foucquet, publiée
par Curmer.

2. On sait que Vasari parle encore du portrait

d’Eugène IV, peint à Rome à la Minerve. Voir, à ce
sujet, le travail définitif de M. de Montaiglon dans les
Archives de l'art français, 2e série, t. I (1861) pp. 454-
468.
 
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