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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0091
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UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FOUGQUET 77

tableau, doit avoir été réservée au duc de Guyenne, frère du roi, tandis que le duc de
Bourbon, qui n’était que son beau-frère, serait de l'autre côté. Si nous arrivions à prouver
d’une manière incontestable le bien fondé d’une moitié de notre proposition, l’autre
moitié se trouverait du même coup également vérifiée.

Cette preuve partielle que nous demandons, un autre manuscrit de la Bibliothèque
nationale nous la fournit.

Le manuscrit latin 8408, contenant un recueil de poésies qui a été offert au duc Jean II
de Bourbon par un certain Paulus Senilis, débute par une charmante miniature de
dédicace où le duc Jean II est vu précisément dans la même attitude que la figure que
nous discutons, debout, tourné de trois quarts à gauche. Dans cette miniature, d’une
grande finesse de pinceau, l’enlumineur a donné au duc des cheveux franchement
blonds, tandis qu’ils sont seulement châtain clair chez le chevalier de Saint-Michel
peint par Foucquet; mais, sauf cette différence d’accentuation dans la nuance de la
chevelure, les traits généraux du visage sont tout à fait identiques1. Le personnage
placé à droite, au premier plan du tableau de Foucquet, est donc bien le duc Jean II de
Bourbon (n° 15 de la planche). Par conséquent, le personnage qui lui fait face, à
gauche, se trouve être le duc de Guyenne (n° 2 la planche). Jusqu’à présent on ne possé-
dait aucun renseignement iconographique quelconque1 2 concernant ce dernier prince,
dont la vie fut si agitée par les intrigues et sur qui une mort mystérieuse jette un
certain intérêt romanesque.

Du même côté que le duc de Guyenne, un autre chevalier, placé tout près du roi, se
détache également bien en évidence. Pour celui-ci, aucun doute n’est possible. Seul
parmi les chevaliers, il porte dans sa main gauche un signe distinctif; c’est le bâton
doré qui est l’attribut de grand maître de France. Nous devons donc reconnaître en lui
Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, grand maître de France depuis 1467.

Repassons maintenant à droite.

Tout à fait à l’extrémité du tableau, contre la bordure, derrière le duc Jean II de
Bourbon, on aperçoit la tête d’un homme aux traits juvéniles. Cette tête est celle du
frère naturel du duc, Jean, bâtard de Bourbon, comte de Roussillon, qui avait été créé
amiral de France en 1466, après avoir épousé l’année précédente une fille naturelle de
Louis XI (n° 16 de la planche).

L’identification proposée ici résulte d’une comparaison avec un joli portrait du bâtard
de Bourbon qui se trouve dans un exemplaire exécuté pour lui, et portant ses armes, de

1. Le duc Jean II de Bourbon est aussi mis en
scène dans la miniature de présentation d’un traité de
morale intitulé le Petit médicinal, dédié au prince par
frère Toussaint de Villeneuve, évêque de Gavaillon

(Bibliothèque nationale, ms. français 2445). Mais
dans ce volume, de très petit format, les figures sont

peintes avec des proportions trop réduites pour pou-
voir offrir aucun point de comparaison.

2. Je ne parle pas, bien entendu, des images de
fantaisie inventées de toutes pièces à une époque rela-
tivement récente.
 
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