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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Héron de Villefosse, Antoine: Une réplique romaine de l’Hermès de Praxitèle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0110
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96 UNE RÉPLIQUE ROMAINE DE l’hERMÈS DE PRAXITELE

l’autre bras un grappillon qu’il serre contre son sein gauche ; on dirait qu’il vient de s’en
emparer et que cette conquête a excité en lui le désir de posséder la grappe entière.
Mercure, dans la pensée de l’artiste créateur du type, était donc occupé à faire saisir par
l’enfant de temps à autre quelques grains de la grappe. Il accomplissait ainsi ses
fonctions de père nourricier. Ce serait bien là le Mercurius Liberum patrem in
infantia nutriens dont parle Pline1. J’ajoute que Mercure est coiffé du pétase ailé et
que la chlamyde du dieu attachée sur l’épaule droite couvre entièrement son épaule
gauche2.

La composition est exécutée d’une façon très lourde : la tête de Mercure est vulgaire,
son corps est épais et disgracieux; l’enfant est peu avenant. Il est facile de s’en assurer
et de vérifier les détails que je viens de donner en jetant les yeux sur la planche 19 où
la statuette de Ghampdôtre-lez-Auxonne (n° 2) est reproduite à côté de i’Hermès
d’Olympie (n° 1). Ce rapprochement, très instructif, ne contribue pas à faire valoir le
bronze romain. On voit de suite la distance qui sépare les deux œuvres. Mais tous
les défauts de style disparaissent devant l’intérêt particulier du sujet. La grappe de
raisin, parfaitement visible, nous offre le plus précieux des renseignements. La statuette
de Ghampdôtre-lez-Auxonne est, en effet, sans aucun doute, la réplique d’un chef-
d’œuvre de Part attique du ive siècle, l’Hermès d’Olympie. Cette réplique est naturel-
lement très affaiblie au point de vue du style, mais elle a l’avantage d’être complète et
de nous édifier définitivement sur la nature de l’objet que Praxitèle avait placé dans la
main droite d’Hermès.

Tout le monde sait que, le 8 mai 1877, date à jamais mémorable dans l’histoire de
l’art, au milieu des décombres du temple d’Héra, à Olympie, à la place même indiquée
par Pausanias3, la mission archéologique allemande eut l’insigne bonheur de découvrir,
dans un état de conservation relativement merveilleux, la célèbre statue de Praxitèle4.
Il ne manquait que l’avant-bras droit et la partie inférieure des jambes comprise entre
le genou et le pied. L’enfant Dionysos, placé sur le bras gauche d’Hermès, semblait fixer
avec une vive attention un objet que son père nourricier devait lui montrer de la main
droite. Malheureusement, il était difficile de dire quel était cet objet, car l’avant-bras
droit d’Hermès avait disparu et, malgré toutes les recherches, il ne put être retrouvé.
L’imagination des critiques se donna carrière. Les uns prétendirent qu’Hermès portait
dans sa main droite élevée un de ses attributs ordinaires, une bourse; il amusait

1. Ilist. nàtur., XXXIV, 87. Mais Pline attribuait
à Céphisodote l’œuvre dont il parle. ■— Cette remarque
fournit un argument en faveur de l’opinion de Rayet,
Etudes d’archéologie et d'art, p. 68.

2. La base sur laquelle repose le bronze est antique

mais étrangère à la statuette; elle vient d'Autun.

3. Pausanias, Y, 17, 1.

4. Voir les Ausgrahungen zu Olympia et les mé-
moires spéciaux de Treu, Hermes mit dem Dionisyos-
knaben, Kékulé, Ver Kopf des Praxitelischen Hermes,
Brunn, Deutsche-Rundschau, 1882, etc.
 
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