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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 25.1868

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Nr. 1
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Burty, Philippe: Exposition de la Royal Academy, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19886#0080

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EXPOSITION DE LA 1IOYAL ACADEMY.

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parfaites, quoique négligées dans le rendu des extrémités. Mais ce qui
est de la plus rare qualité, c’est le rayon de soleil qui entre par la fenê-
tre, n’éclaire qu’une portion du plancher, et baigne de ses blonds reflets
tous les angles et tout le mobilier. Vous diriez un Pierre de Hooghe au
moment où il quittait le chevalet du maître et avant que le temps ne l’ait
verni de sa patine opaque. — M. Pettie, A., a croqué au vol, si cela
pouvait se dire d’une peinture, une plaisanterie monacale. Un frocard,
pansu, ventru, repu, le nez ensoleillé et la face apoplectique, regarde
une petite souris qui vient modestement ronger une miette de pain tom-
bée de sa table : « Pax sit vobiscum ! » murmure ce moine, qui, à la
sobriété près, serait digne d’être fakir. — M. Orchardson, A., n’a pas été
bien inspiré dans l’ordonnance de son « Falstaff ». Les personnages sont
de tailles démesurées par rapport au mobilier. On dirait Gulliver et deux
de ses amis dans l’antichambre d’un palais du royaume de Lilliput. En
revanche, son « Portrait de mistress Birket Forster, » étendue sur le canapé
japonais d’un frais cabinet de repos, est une étude de blancs opposés à
des tons vigoureux, pleine de saveur et de jeunesse. — M. Yeames, A.,
s’adonne au genre historique. Sa « Discussion de lady Jane Grey avec
Geckenham, le chapelain de la reine, » révèle une observation sérieuse
et soutenue.

Les Anglais veulent faire dire trop de choses aux animaux, et ils les veu-
lent trop peignés et trop propres. Les animaux fabulistes de La Fontaine
resteraient cois devant ceux de sir Edwin Landser, lî. A., tant ceux-ci ont
des regards fins et des gestes significatifs. Aujourd’hui, sir Landseer com-
pose des paysages historiques auxquels je ne puis rien comprendre. S’il
se sert d’un cerf, c’est pour revenir, en l’affaiblissant, sur des scènes
pathétiques comme le cinquième acte d’un drame. — M. T. S. Cooper, 1L A.,
dessine les moutons comme les maîtres hollandais. 11 ne s’attarde pas à
leur faire réciter des fables ou des élégies, et il les prend pour ce qu’ils
sont, de braves bêtes, couvertes d’une laine épaisse, et destinées à fournir
aux sujets de Sa Majesté de loyaux gigots et d’honnêtes côtelettes. Pour
ma part, je préfère ce point de vue, au réel comme au figuré, et je tiens
M. Cooper pour un artiste de vieille roche.

Le paysage n’est point en progrès. L’école a perdu le sens du grand
enseignement de la génération précédente. 11 faut qu’elle vienne en
France réapprendre ce qu’elle nous avait appris en 1824. Les grands
aspects de la nature ne la touchent plus. Elle ne voit que des coins, et
dans ces coins seulement des détails. M. Ilook, R. A., s’amuse véritable-
ment aux bagatelles de la porte. 11 donne à ses études de mer et de fa-
laises, d’une sincérité un peu monotone à la longue, des premiers plans
 
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