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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 25.1868

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Nr. 5
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Beaumont, Édouard de: Les armes: préface du catalogue en préparation de la collection de M. le Comte de Nieuwerkerke
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https://doi.org/10.11588/diglit.19886#0401

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LES ARMES.

383

tiver la jeunesse de guerre d’alors, momifiée dans sa piteuse carapace
d’acier « faicte pour fuir », dit-il. —- On devinait par eux déjà la débâcle
de Crécy 1.

Il faut considérer combien l’identité des temps et des hommes avec
leurs armes se poursuit et se manifeste franchement de siècle en siècle,
depuis la floraison grecque jusqu’à celle de la Renaissance, toutes deux
si bien et si virilement caractérisées par la forme et l’opulence de leurs
armures.

Non-seulement le harnais dénote les périodes sympathiques ou mésa-
venantes, mais, comme dans un miroir, il montre aussi, par métonymie,
l’image toute personnelle de celui pour lequel il a été fait et par lequel
il a été porté.

Le dernier des Valois, l’androgyne italianisé, ses mignons, « ces cor-
selets dorés, ces morions célestes, » comme on les appelait au siège de
la Fère 2, ces êtres évirés, disqualifiés, ne sont-ils pas, comme les
appauvris de Crécy, clairement efligiés par les formes dénigrantes de
leur armure?

D’une largeur exagérée aux épaules, elle s’étrécit, s’effémine brus-
quement à la taille ; de face, entre ses hanches, effrontément rebondies,
pointe une sorte de bosse de polichinelle, difformité toute napolitaine qui,
dans sa perversion, remplace la virile braguette.

Sur ces courtisans 3, autant dire ces courtisanes, le livre attribué au
cardinal Du Perron : l’Ile des Hermaphrodites, n’est pas plus expressif.

« Hélas! s’écrie le chroniqueur de Saint-Denis, il y avoit lors en France force
orgueil, convoitise de richesses et deshonnêteté de vêtement. Les uns portaient robes si
courtes, qu’en se baissant ils montroient indécemment leurs braies à ceux qui estaient
derrière eux, et estaient leurs habits si étroits, qu’il leur falloit aide pour les ôter e
sembloit qu’on les écorchât; d’autres avoient leurs robes recoursées (plissées) sur les
reins comme femmes... et sembloienl mieux jongleurs qu’autres gens : pourquoi ce ne
fut pas merveille si Dieu voulut corriger les méfaits des François par son /layel » (fouet).

Une statuette représentant saint Georges tout armé (musée de Dijon) donne exac-
tement l’ensemble du harnais de guerre de ce temps-là.

2. « Des Mignons allant au siège do la Fôre. »

SONNET :

Ces corselets gravés et morions célestes
De ta troupe étourdie, et ces testes folettes.

(P. de Lestoile. Journal de Henri III.)

3. « Tous parfumez de musc et de civette. Iceux se disent courtisans, bien attifez
et bien polis; les mœurs et façons de faire desquels si vous vouliez mesurer avec l’œil
de raison, vous nel csjuge riez pas estre hommes, mais les diriez estre putains. » (Merlin
Coccaie, liv. xxiv.)
 
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