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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 3.1870

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Nr. 6
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Ménard, René: Salon de 1870, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21406#0529

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SALON DE 1 87 0.

513

site est composé dans un mode classique bien approprié au sujet. Nous
retrouvons dans l'autre tableau de M. de Curzon, intitulé Au bord de
l'Océan, toutes les qualités habituelles à un peintre qui s'efforce d'unir
le style à la vérité.

La peinture religieuse prête moins au genre anecdotique que les
sujets empruntés à la mythologie. Il y a pourtant des tableaux qui, sans
appartenir à l'art monumental, se rattachent par la conception à une
pensée religieuse. La Conversion de saint Augustin, par M. Michel,
touche à la fois au christianisme et à l'antiquité. Le saint, devant qui le
ciel laisse entrevoir ses anges, est dans une attitude noble et tout à fait
convenable pour la solennité d'un pareil moment. Mais nous préférons
comme lui les figures célestes qui l'appellent, aux voluptés qu'il quitte,
et qui, à notre avis, posent un peu et ne sont pas assez entraînantes.
Le talent de M. Michel nous semble plus propre aux graves inspirations
du style religieux qu'aux gracieuses conceptions de l'antiquité païenne.

L'Episode de la Résurrection, de M. Mottez, tient au genre anecdo-
tique autant qu'au style religieux. L'artiste qui prend pour thème ce
vers de Lamartine :

Rien ne reste de nous, hormis d'avoir aimé,

montre les morts réveillés par la trompette des anges. Une mère
retrouve son enfant, un jeune homme et une jeune femme s'embras-
sent; l'idée, absolument moderne, et qui n'a certes rien d'archaïque, est
au fond assez touchante, et l'exécution, conçue surtout au point de vue
de l'effet, atteste un effort nouveau chez un artiste habitué surtout à la
peinture murale.

Le hasard de l'ordre alphabétique a eu cette année des malices sin-
gulières. C'est ainsi que tout près de cette petite Salomé si rieuse de
M. Regnault, on voit la Décollation de saint Jean-Baptiste, de M. Puvis :
de Chavannes. Et la jeune danseuse, il faut en convenir, a le droit d'être
satisfaite de la manière dont le bourreau s'acquitte de sa fonction. Mais
si l'on voulait trouver l'antipode de la peinture de M. Regnault, on ne
saurait mieux s'adresser qu'à M. Puvis de Chavannes. On n'accusera pas
celui-ci d'avoir une exécution sémillante et de sacrifier tout au plaisir
des yeux. 11 est au contraire tellement absorbé danssa pensée, que, pour la
traduire plus nettement, il affronterait tout, même le ridicule. Jusqu'ici,
il s'était fait connaître par de grands ouvrages décoratifs, dont la belle
tournure faisait oublier l'insuffisance de l'exécution. Cette année il a cher-
ché, non un ensemble, mais un type, et il a fait des ouvrages d'une
dimension restreinte qui sortent complètement de ses habitudes.

m. — 2e PÉRIODE. 65
 
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