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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 1
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Gruyer, François-Anatole: Le drame du Vésuve
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0096

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LE DRAME DU VÉSUVE

K viens de lire avec un véritable plaisir et un sérieux intérêt le nou-
veau livre de M. Beulé. Le Drame du Vésuve, vieux commele monde
a le privilège de nous passionner toujours, parce qu’il est vivant encore
et comme en permanence pour quiconque veut aller voir et s’instruire.
Cent fois raconté, on le racontera indéfiniment encore, sans fatiguer
l’attention ni épuiser l’intérêt, car l’art et l’archéologie sont loin
d’avoir découvert tous les monuments qui en ont été les témoins, et la science, qui
nous a édifiés déjà sur bien des phénomènes, n’aura jamais dit son dernier mot. C’est
donc une heureuse pensée qu’a eue M. Beulé d’apporter à un tel sujet son contin-
gent d’informations. Nul, mieux que lui, n’était préparé à ce travail. Les lettres et
l’archéologie lui sont familières; il a le sens esthétique; l’art inspire à son esprit d’en-
treprise d’ingénieuses combinaisons; les beautés naturelles exaltent son talent; et,
grâce à la rare faculté d’assimilation dont il est doué, il peut parler des sciences
les plus étrangères à ses propres études, même aux savants qui en font leur spécialité.

Le Vésuve appartient à un vaste système de volcans qui part de la Syrie et de la
mer Morte, passe par l’archipel grec, stationne en Sicile, parcourt l’Italie, de Naples en
Toscane, et se ramifie jusqu’en Auvergne. Parmi ces volcans, la plupart n’ont été en
activité qu’aux époques' anté-historiques, et étaient complètement éteints dès la plus
haute antiquité. Tel était le Vésuve. Fertile sur toutes ses pentes, il avait conservé si
peu de traces des éruptions primitives, que les habitants de ces heureuses contrées
ne soupçonnaient même plus la présence d’un ancien cratère. Attirés par l’étonnante
beauté du golfe, les Osques avaient fondé Pompéi, où les Phéniciens avaient
apporté le culte asiatique de Vénus Physica, en attendant que les Étrusques vinssent y
exercer aussi leur influence et les Romains y imposer leur domination. Les Hellènes,
de leur côté, se laissant séduire aussi par les enchantements du Vésuve, avaient
voué une prédilection spéciale à Héracléion, que les Romains crurent s’approprier en
la nommant Herculanum, mais qui n’en conserva pas moins, jusqu’à son dernier jour,
le caractère, l’esprit, le goût d’une cité grecque. Ainsi, les villes de Pompéi et d’Her-
culanum étaient assises côte à côte au pied du Vésuve : Pompéi, peuplée de marchands
enrichis, somptueux, voluptueux, illettrés, épicuriens, ne possédant ni vases peints,
ni manuscrits, ni médailles, demeure Osque, malgré le mélange des races qui s’v suc-
cèdent pendant une période de douze siècles; Herculanum, marqué par le génie hel-
lénique d’une ineffaçable empreinte, riche surtout de ses bronzes, de ses tableaux, de
ses papyrus, envahi finalement par ce que Rome possédait de plus grand par le nom
et de plus distingué par l’esprit, reste une ville grecque de loisir et d’étude, où le
charme de l’idéal se répand sur les moindres détails de la vie matérielle.
 
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