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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Beaumont, Édouard de: Deux mobiliers d'autrefois
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0146

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DEUX MOBILIERS D’AUTREFOIS.

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qu’on osât le salir. La Du Barry a seule depuis égalé ce luxe d’amour1
que ne connaissent plus aujourd’hui ni les rois ni les courtisanes.

1. Bandello a donné aussi {Novella XXVI, parle quarta, vol. quarto) une des-
cription de la chambre à coucher d’une gentildonna de son temps : l’élégance de
l’ameublement entrait pour beaucoup au xvie siècle dans les questions de galan-
terie.

« Une très-belle jeune veuve, profilant du carnaval, se fait, raconte-t-il, amener
par son père nourricier un beau gentilhomme qu’elle a remarqué en ville et dont elle
s’est enamourée. Le jeune homme est reçu chez la dame dans son palais, remarquable
par ses précieuses tapisseries et par ses beaux tapis d’Alexandrie. Il est introduit dans
la salle basse servant de chambre à coucher, le lit est orné de rideaux d’un travail
merveilleux et de deux beaux oreillers de soie pourpre admirablement brodés de fil
d’or et suavement parfumés.

« Sur une petite table brûle, dans un chandelier d’argent, un torchetlo, bougie de
cire des plus blanches; sur cette même table q.ue recouvre un tapis tissé de soie de
diverses couleurs et brodé de soie mêlée d’or à la façon d’Alexandrie sont rangés en
ordre des peignes d’ivoire et d’ébène pour peigner la barbe et les cheveux, d’élégants
bonnets, des peignoirs pour couvrir les épaules quand on se coiffe et des essuie-mains
de toute beauté. Au lieu de tapisseries, cette chambre était tendue de drap d’or avec
velours à parterre. Dans chaque panneau on voyait des armoiries de la parenté du
défunt mari et de celle de la veuve, les siennes étant dissimulées sous des brode-
ries, afin de rester inconnues. On avait préparé dans de jolis vases de majolique des
confitures les plus recherchées et les vins précieux de Montebriantino.

« ...Avant de coucher le gentilhomme, on bassine le lit avec un scaldaletto
(bassinoire) d’argent, et après avoir éteint la lumière et le feu, la dame, qui est venue
le visage caché, se couche, mettant pour la nuit, jusqu’à l’aube, son masque derrière
l’oreiller. »

ÉDOUARD DE BEAUMONT.
 
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