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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Ί9 septembre 1759.
Le sr Robert a été attaqué d’une maladie si dangereuse, qu’on ne
croyoit pas qu’il pût en réchaper : fièvre tierce, transport au cerveau,
inflammation au bas ventre. Il est présentement hors de danger. Il est
d’une complexion forte et robuste, et il en abuse pour vouloir trop forcer
ses études; c’est par sa faute qu’il a des rechutes. 11 m’a dit que vous luy
accordiez une place de pensionnaire... Les quatre places qui doivent être
remplies par les nouveaux élèves, qui sont en chemin, sont actuellement
libres par le départ des srs Hélin, architecte, les deux frères Brenet et
Louis S architecte. Il est de conséquence que je vous informe, Monsieur,
de ce qui arrive assez souvent : plusieurs de ces messieurs contractent
des dettes de part et d’autre et partent sans les satisfaire, ce qui cause
des murmures et des plaintes, qui vont même quelques fois chez M. l’am-
bassadeur et qui rejaillissent sur moy ; ce qui ne fait pas un bon effet
pour l’Académie. Des quatre qui viennent de partir, il n’y a que le
sr Louis, architecte, dont j’ay lieu de me plaindre : plusieurs à qui il
devoit m’en ayant informé pour être satisfaits, je lui retins cette somme
avec celles qu’il devoit à des personnes qui restent dans l’Académie. Son
caractère peu docile et emporté luy a fait tenir des termes peu me-
surés;... il part brusquement, sans revenir de tous ses écarts... Les
chambres des pensionnaires occasionnent souvent des disputes par le
choix que chacun prétend avoir. Il seroit nécessaire, Monsieur, pour
mettre fin à ces désordres, de m’envoyer un ordre de votre part auquel
ils soyent obligés de se soumettre. La difficulté qu’il y a à tirer d’eux les
études qu’ils doivent*vous.envoyer doit vous prouver que, dans les autres
parties de moindre conséquence, rien ne peut les y porter 1 2.
21 novembrs 1759.
Le quatrième pensionnaire, nommé Taravai, peintre3, vient d’arriver
avec M. l’abbé de Saint-Nom. Il m’a donné une lettre de M. Cochin, par
laquelle il me fait sentir que vous ne trouverez pas mauvais qu’il con-
1. Arrivé le 18 septembre 1756.
2. Marigny ordonna d’annoncer publiquement à l’avance le départ des pension-
naires, de faire revivre un usage en vigueur jadis dans l’Académie, attribuant le choix
des chambres vacantes aux plus anciens, et enfin de ne plus envoyer d’études qu’une
fois par an.
3. Hugues Taravai, né en 1729, et qui .se fit plus tard une certaine réputation par
un portrait de Louis XV.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Ί9 septembre 1759.
Le sr Robert a été attaqué d’une maladie si dangereuse, qu’on ne
croyoit pas qu’il pût en réchaper : fièvre tierce, transport au cerveau,
inflammation au bas ventre. Il est présentement hors de danger. Il est
d’une complexion forte et robuste, et il en abuse pour vouloir trop forcer
ses études; c’est par sa faute qu’il a des rechutes. 11 m’a dit que vous luy
accordiez une place de pensionnaire... Les quatre places qui doivent être
remplies par les nouveaux élèves, qui sont en chemin, sont actuellement
libres par le départ des srs Hélin, architecte, les deux frères Brenet et
Louis S architecte. Il est de conséquence que je vous informe, Monsieur,
de ce qui arrive assez souvent : plusieurs de ces messieurs contractent
des dettes de part et d’autre et partent sans les satisfaire, ce qui cause
des murmures et des plaintes, qui vont même quelques fois chez M. l’am-
bassadeur et qui rejaillissent sur moy ; ce qui ne fait pas un bon effet
pour l’Académie. Des quatre qui viennent de partir, il n’y a que le
sr Louis, architecte, dont j’ay lieu de me plaindre : plusieurs à qui il
devoit m’en ayant informé pour être satisfaits, je lui retins cette somme
avec celles qu’il devoit à des personnes qui restent dans l’Académie. Son
caractère peu docile et emporté luy a fait tenir des termes peu me-
surés;... il part brusquement, sans revenir de tous ses écarts... Les
chambres des pensionnaires occasionnent souvent des disputes par le
choix que chacun prétend avoir. Il seroit nécessaire, Monsieur, pour
mettre fin à ces désordres, de m’envoyer un ordre de votre part auquel
ils soyent obligés de se soumettre. La difficulté qu’il y a à tirer d’eux les
études qu’ils doivent*vous.envoyer doit vous prouver que, dans les autres
parties de moindre conséquence, rien ne peut les y porter 1 2.
21 novembrs 1759.
Le quatrième pensionnaire, nommé Taravai, peintre3, vient d’arriver
avec M. l’abbé de Saint-Nom. Il m’a donné une lettre de M. Cochin, par
laquelle il me fait sentir que vous ne trouverez pas mauvais qu’il con-
1. Arrivé le 18 septembre 1756.
2. Marigny ordonna d’annoncer publiquement à l’avance le départ des pension-
naires, de faire revivre un usage en vigueur jadis dans l’Académie, attribuant le choix
des chambres vacantes aux plus anciens, et enfin de ne plus envoyer d’études qu’une
fois par an.
3. Hugues Taravai, né en 1729, et qui .se fit plus tard une certaine réputation par
un portrait de Louis XV.