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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 5
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Mantz, Paul: La galerie de M. Maurice Cottier
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0388

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ο 76

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de la rue de la Baume, qu’on se sent entouré d’œuvres déjà admirées.
Une'pareille collection met à l’aise les plus timides : c’est comme un
salon où l’on ne rencontre que des visages amis.

Bien que l’art moderne soit le maître du logis, M. Cottier n’a pu
résister à la séduction des trouvailles imprévues, et, sans vouloir faire
concurrence aux musées des amateurs illustres, il a ouvert sa galerie à
trois ou quatre tableaux anciens. Son goût l’a bien servi : nous appren-
drons quelque chose chez M. Cottier, car il possède des maîtres rares.

On peut être fort galant homme et n’avoir que des données confuses
sur Jurian Ovens. M. Cottier nous montrera un portrait de cet excellent
peintre, qu’on ne rencontre pas fréquemment, même en Hollande. Ovens,
s’il faut en croire les livres, qui d’ailleurs le connaissent peu, a travaillé
dans un pays où l’on ne va guère, le duché de Holstein : c’est là qu’on a
quelque chance d’étudier des œuvres de sa main. Il est né à Amsterdam,
on ne sait quand, — vers 1620 peut-être, — et, d’après Nagler, il serait
mort en 1678. On s’accorde à le considérer comme un élève de Rem-
brandt ; mais, ainsi queTa remarqué Bürger, « sa manière n’est pas très-
rapprochée de celle du maître ». M. Vosmaer est encore plus affirmatif :
« Ovens, dit-il, ne montre en rien sa descendance de Rembrandt, et c’est
sur le témoignage de Houbraken qu’il est regardé comme son disciple »L
Puisqu’il faut parler prudemment des choses qu’on ignore, nous ferons
observer, mais avec réserve, qu’Houbraken n’a peut-être pas tort. C’est
bien à l’école de Rembrandt que se rattache Ovens : son tableau du
musée de Nanteà, le Départ de Tobie (1651), ne peut sur ce point laisser
aucun doute ; ce qui ne veut pas dire que l’élève ressemble beaucoup au
maître. La même impression nous est restée du grand tableau de l’hôtel
de ville d’Amsterdam, la Conjuration de Claudius Civilis. Cette peinture
est noire et lourde. Évidemment, les disciples de Rembrandt commen-
çaient déjà à le trahir. D’ailleurs ces sujets d’histoire batave ne conve-
naient guère plus à Ovens qu’à Ferdinand Bol et aux autres décorateurs
de l’hôtel de ville.

C’est dans le portrait qu’Ovens a le mieux réussi. Celui que nous
rencontrons dans la galerie de M. Cottier est superbement peint. Il ne
rappelle Rembrandt que par la loyauté de l’exécution et la richesse du
faire, qui est souple, abondant, robuste. Le ton n’appartient pas à l’école.
Rembrandt est fauve, blond, doré ; Ovens a des blancs moins chaleureux,
et il ne s’interdit pas les noirs. Ce portrait, dont la belle signature,

Ovens, aurait fait le bonheur de Bürger, est celui d’un gentilhomme I.

I. Rembrandt Harmensz van Rijn. (La Haye, 1869.)
 
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