LES ARTS ET LES MUSÉES SOUS LA COMMUNE. 489
cence d’injurieuses images contre l’ex-empereur et l’ex-impératrice.
C’était comme un stock que l’on avait hâte d'écouler. L’impératrice était
le plus souvent représentée dans les costumes les plus légers, attirant
à elle les principaux personnages du ministère du 19 janvier, M. Olii—
vier en tête, tous gens auxquels certes on ne pensait guère.
Les membres le plus en évidence de l’ex-gouvernement de la défense
nationale eurent aussi leurs tour. M. Jules Favre se noyait dans ses lar-
mes, et ce n’était que drôle. On se plaisait à représenter le général Trochu
revêtu du costume clérical. Certaine proclamation mystique, dont il
existerait une épreuve à l’Imprimerie nationale et que les collègues du
général, avertis, auraient supprimée, servait de thème aux caricaturistes.
Parmi eux se distinguait le citoyen Pilotell par ses prétentions au style,
tandis que ses compositions n’étaient que malhabiles et gênées.
Lorsque la lutte commença à devenir sanglante entre les troupes de
Versailles et les bandes de la Commune, le crayon fut l’interprète de
toutes les fureurs. La République torturée, saignée, écartelée, fut le
sujet ordinaire de ces images odieuses. Tantôt bourreau, tantôt traître,
M. Thiers étranglait la République pour mettre à sa place les préten-
dants dont ses poches étaient bourrées.
Le clergé, contre lequel les fureurs populaires commençaient à
s’élever, ne fut point épargné. Comme, suivant la presse immonde de la
Commune, les fouilles pratiquées dans les églises prouvaient jusqu’à
l’évidence que les confessionnaux, aussi bien machinés que le décor d’un
drame de Victor Séjour ou de Ponson du Terrail, faisaient disparaître’
les jolies pénitentes dans les cryptes, tandis qu’un escalier tournant y
conduisait le confesseur; que là les meubles complaisants rêvés par
l’imagination malade des romanciers érotiques du xvme siècle permet-
taient tous les attentats et tous les crimes ; que les squelettes ou les
cadavres retrouvés étaient ceux de jeunes femmes violées puis étouffées,
il est aisé de comprendre quelles sortes de caricatures virent le jour.
Quelques-uns se souvinrent d’une chose à laquelle la Commune ne
semblait pas songer : c’est qu’il y avait, pour regarder la lutte qui épui-
sait le pays en le déshonorant, l’armée conquérante qui avait promené
en France le pillage, l’incendie et la mort. Ceux-là eurent la naïveté de
s’attaquer aux voleurs de pendules.
D’autres, visant à l’impartialité, réunirent dans la même galerie
d’histoire naturelle tous les hommes que les événements mettaient en
évidence et les accoutrèrent d’une façon assez plaisante, tantôt en
plante, tantôt en animal.
Pendant ce temps, Bertall luttait courageusement de la plume et du
V. — 2e PÉRIODE. 68
cence d’injurieuses images contre l’ex-empereur et l’ex-impératrice.
C’était comme un stock que l’on avait hâte d'écouler. L’impératrice était
le plus souvent représentée dans les costumes les plus légers, attirant
à elle les principaux personnages du ministère du 19 janvier, M. Olii—
vier en tête, tous gens auxquels certes on ne pensait guère.
Les membres le plus en évidence de l’ex-gouvernement de la défense
nationale eurent aussi leurs tour. M. Jules Favre se noyait dans ses lar-
mes, et ce n’était que drôle. On se plaisait à représenter le général Trochu
revêtu du costume clérical. Certaine proclamation mystique, dont il
existerait une épreuve à l’Imprimerie nationale et que les collègues du
général, avertis, auraient supprimée, servait de thème aux caricaturistes.
Parmi eux se distinguait le citoyen Pilotell par ses prétentions au style,
tandis que ses compositions n’étaient que malhabiles et gênées.
Lorsque la lutte commença à devenir sanglante entre les troupes de
Versailles et les bandes de la Commune, le crayon fut l’interprète de
toutes les fureurs. La République torturée, saignée, écartelée, fut le
sujet ordinaire de ces images odieuses. Tantôt bourreau, tantôt traître,
M. Thiers étranglait la République pour mettre à sa place les préten-
dants dont ses poches étaient bourrées.
Le clergé, contre lequel les fureurs populaires commençaient à
s’élever, ne fut point épargné. Comme, suivant la presse immonde de la
Commune, les fouilles pratiquées dans les églises prouvaient jusqu’à
l’évidence que les confessionnaux, aussi bien machinés que le décor d’un
drame de Victor Séjour ou de Ponson du Terrail, faisaient disparaître’
les jolies pénitentes dans les cryptes, tandis qu’un escalier tournant y
conduisait le confesseur; que là les meubles complaisants rêvés par
l’imagination malade des romanciers érotiques du xvme siècle permet-
taient tous les attentats et tous les crimes ; que les squelettes ou les
cadavres retrouvés étaient ceux de jeunes femmes violées puis étouffées,
il est aisé de comprendre quelles sortes de caricatures virent le jour.
Quelques-uns se souvinrent d’une chose à laquelle la Commune ne
semblait pas songer : c’est qu’il y avait, pour regarder la lutte qui épui-
sait le pays en le déshonorant, l’armée conquérante qui avait promené
en France le pillage, l’incendie et la mort. Ceux-là eurent la naïveté de
s’attaquer aux voleurs de pendules.
D’autres, visant à l’impartialité, réunirent dans la même galerie
d’histoire naturelle tous les hommes que les événements mettaient en
évidence et les accoutrèrent d’une façon assez plaisante, tantôt en
plante, tantôt en animal.
Pendant ce temps, Bertall luttait courageusement de la plume et du
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