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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 6
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Beulé, Charles-Ernest: Journal de mes fouilles, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0530

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

514

les tours mutilées, mais colorées d’une teinte harmonieuse, forment un
vestibule fortifié. A travers la porte, munie d’une grille aussi transpa-
rente que possible, on voit l’escalier et la grande baie centrale qui s’élève
sur la hauteur et prolonge indéfiniment la perspective. Mais c’est quand
le seuil est franchi que l’on comprend véritablement l’ensemble des Pro-
pylées. Jadis on y arrivait de biais, sans préparation, sans développement
pour le regard ; les colonnes cachaient les portes, les soubassements pre-
naient une importance exagérée. Maintenant, on aborde de face le
monument, on est aussitôt saisi par sa disposition simple et imposante.
Il se présente à la distance et à la hauteur que l’architecte avait choisies
lui-même pour que les proportions générales apparussent dans leur plus
grande beauté. L’escalier, en montrant çà et là ses nombreuses marches
et les premières surtout, sur une largueur de soixante-dix pieds, porte
naturellement l’imagination à se figurer toute l’étendue de cette rampe
immense qui agrandissait encore l’édifice, en l’exhaussant sur un sou-
bassement de cinquante-quatre degrés.

28 avril.

J’ai choisi, par reconnaissance, la dalle de marbre sous laquelle nous
sommes passés, l’été dernier, avant de retrouver l’escalier : sans cette
dalle bienfaisante, j’aurais été forcé de respecter la terrasse byzantine et
n’aurais pu pénétrer jusqu’aux ruines quelle recouvrait comme un véri-
table sol. Il semble naturel de graver une inscription sur cette surface
bien polie, facile à dresser contre la muraille. L’inscription est courte :
elle ne contient ni les formules officielles ni les flatteries d’usage ; elle
porte le nom de la France. C’est la France seule que j’ai voulu servir,
c’est la France dont la générosité doit rester présente à la mémoire
des Grecs. Aussi l’inscription est-elle rédigée en grec, afin que les habi-
tants du pays la lisent tous et la comprennent. Avant de quitter Athènes,
que peut-être je ne reverrai jamais, après avoir fait mes adieux à cette
belle Acropole qui m’a donné tant d’émotions et tant de joies, j’ai vu
sceller avec des crampons de fer la dalle de marbre portant une inscrip-
tion laconique dont voici la traduction :

LA FRANCE

A DÉCOUVERT LA PORTE DE L’ACROPOLE,

LES MURS, LES TOURS ET L’ESCALIER.

BEULÉ.

1853.
 
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