LE
SALON DE 1887
(premier article.)
e Salon de 1887 continue et pré-
forme et marche hardiment dans sa voie. Comme le souhaitait
Fromentin, la nature nous a ramenés à la peinture, l’observation
attentive et passionnée de la réalité au goût des harmonies délicates
ou vibrantes. On a moins pensé et moins rêvé peut-être depuis quel-
ques années ; on a regardé plus curieusement et l’on s’est plus
soucié de peindre. Cette évolution était nécessaire. Le régime de
l’Ecole était peu nourrissant, et, l’art planant dans des régions
vagues commençait à mâcher à vide. Les combinaisons artificielles
s’épuisent fatalement, si la sensation directe ne fournit à l’esprit
un aliment nouveau. On avait « artualisé » la nature à l’excès, il
était temps de « naturaliser » l’art. On l’a fait avec violence d’abord,
puis avec plus de mesure. La sensibilité s’est rajeunie en se dépla-
çant : du cœur et du cerveau elle est passée à la vision du monde
extérieur. En un mot la peinture a consenti à se servir des moyens
d’expression qui lui sont propres, à provoquer en nous cette sensation
particulière qui précède et prépare l’émotion de l’àme, et sans laquelle
XXXV. — 2e PERIODE. 60
cise le mouvement qui porte la
peinture contemporaine à l’é-
tude des phénomènes lumineux,
à la représentation des êtres
tels qu’ils se comportent dan s
l’air ambiant. S’il ne nous mon-
tre pas réalisée une œuvre ca-
pitale telle que le Triptyque du
Musée de Lyon, il prouve la
vitalité d’un art qui se trans-
SALON DE 1887
(premier article.)
e Salon de 1887 continue et pré-
forme et marche hardiment dans sa voie. Comme le souhaitait
Fromentin, la nature nous a ramenés à la peinture, l’observation
attentive et passionnée de la réalité au goût des harmonies délicates
ou vibrantes. On a moins pensé et moins rêvé peut-être depuis quel-
ques années ; on a regardé plus curieusement et l’on s’est plus
soucié de peindre. Cette évolution était nécessaire. Le régime de
l’Ecole était peu nourrissant, et, l’art planant dans des régions
vagues commençait à mâcher à vide. Les combinaisons artificielles
s’épuisent fatalement, si la sensation directe ne fournit à l’esprit
un aliment nouveau. On avait « artualisé » la nature à l’excès, il
était temps de « naturaliser » l’art. On l’a fait avec violence d’abord,
puis avec plus de mesure. La sensibilité s’est rajeunie en se dépla-
çant : du cœur et du cerveau elle est passée à la vision du monde
extérieur. En un mot la peinture a consenti à se servir des moyens
d’expression qui lui sont propres, à provoquer en nous cette sensation
particulière qui précède et prépare l’émotion de l’àme, et sans laquelle
XXXV. — 2e PERIODE. 60
cise le mouvement qui porte la
peinture contemporaine à l’é-
tude des phénomènes lumineux,
à la représentation des êtres
tels qu’ils se comportent dan s
l’air ambiant. S’il ne nous mon-
tre pas réalisée une œuvre ca-
pitale telle que le Triptyque du
Musée de Lyon, il prouve la
vitalité d’un art qui se trans-