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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Lecoy de La Marche, Albert: Les anciennes collections de manuscrits, 1: leur formation et leur installation
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62

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

« du Parnasse, portique des stoïciens. Là, on voit Aristote mesurer
« la science aussi bien que l’art, Ptolémée et Genzachar calculer par
« des figures et des nombres les apsides épicyles et excentriques des
« planètes, Paul révéler les mystères, Denis coordonner et expliquer
« sa hiérarchie, la vierge Carmenta représenter en lettres latines
« tout ce que Cadmus et les Phéniciens ont rassemblé sur la
« grammaire L »

Mais ce n’est pas seulement dans les monastères que le bibliophile
trouvait à se délecter ainsi. Les églises séculières lui ouvraient
également leurs librairies. Notre-Dame de Paris en possédait une
déjà fort belle au xme siècle; elle était à la disposition de tous les
étudiants pauvres. La Sainte-Chapelle, l’Hôtel-Dieu, les principaux
collèges de l’Université avaient également la leur. Mais aucune ne
valait celle de la maison de Sorbonne, dont les livres furent longtemps
la seule richesse. Les docteurs qui faisaient partie de cette célèbre
institution prirent, dès le principe, l’habitude de lui léguer ceux qu’ils
avaient rassemblés, de sorte qu’au bout d’un certain nombre d’années,
elle se trouva comme par enchantement propriétaire de la collection
la plus complète et la plus variée, tant en littérature sacrée qu’en
ouvrages profanes. La bibliothèque de la Sorbonne était ouverte dès
le xme siècle, non seulement aux maîtres et aux étudiants de la
maison, mais même aux lettrés du dehors. Les origines de ce riche
dépôt ont été établies avec autant de précision que d’autorité par
M. Léopold Delisle, avec celles des divers fonds ecclésiastiques réunis,
sous la Révolution, au noyau primitif du grand établissement que
l’Europe nous envie 2. En parcourant les pages pleines d’érudition où
il les a reconstituées pièce à pièce, on est saisi d’un double sentiment
d’admiration, et pour les persévérants efforts qui sont parvenus à
grouper tant de richesses bibliographiques dans un temps où le livre
était encore une rareté, et pour la patience du savant qui est venu à
bout de démêler leur provenance primitive à travers le chaos des
catalogues et des ex-libris.

Enfin, en dehors de Paris, en dehors même des églises et des
collèges, l’amateur de lecture trouvait à satisfaire son goût dans
certaines bibliothèques municipales, et jusque dans les petites écoles
de village. Les premières n’abondaient pas ; elles existaient cependant,
dès le xv° siècle, à Rouen, à Poitiers, à Saint-Lô, et sans doute dans
beaucoup d’autres villes. Les secondes, bien plus répandues au moyen

-1. Philobiblion, chap. vm.

2. Le Cabinet des Manuscrits, t. II.
 
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