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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Chennevières, Henry de: Les Ruggieri, artificiers: 1730-1885
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0152

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LES

RUGGIERI, ARTIFICIERS

1730-1 885

N feu d’artifice bien servi est un régal
à portée de tous les goûts. Les uns y
trouvent le facile contentement d’une
féerie de chandelles romaines, d’autres
aiment à y chercher les jeux décoratifs
d’une pyrotechnie savante. Il y a même
des spectateurs philosophes accourant
chaque fois à ces bouquets de lumière
pour se nourrir des réflexions toutes
sidérales où les lance ce spectacle de
« partements » : ils songent avec raison à
l’ironie de ces feux de joie allumés par
cette même poudre, si sauvage à la guerre, mais ici devenue toute
gaie, comme s’il lui prenait envie de faire oublier ses mauvais coups à
force de grâce, de facettes et de couleurs. C’est bien en effet là le seul
rôle innocent du salpêtre, celui par où il nous jette de la poudre aux
yeux sans nous faire nous en plaindre : au contraire nous aimons
les brillants mensonges de ses fusées de minuit et voudrions nous
en tenir toujours là. À ce compte d’ailleurs, il serait le fond d’un
des plus jolis arts de la paix. Aussi bien pour mériter ce nom d’art,
la pyrotechnie s’est-elle dégagée depuis deux siècles des abruptes
éléments militaires afin de valoir par elle-même en progrès et en
nouveauté. Rendue libre de toute application exclusive trop mathé-
matique, elle put dès lors essayer de traduire en lignes de feu les
hautes fantaisies du dessin et de se panacher des mille nuances de la
palette. On la fit obéir aux caprices d’une aquarelle, aux formes d’un
croquis de fête publique, aux allégories d’un mariage, aux circon-
stances de victoires ; on exigea de ses combinaisons des tableaux
 
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