UN PEINTRE ANIMALIER
AUGUSTE LANÇON
Il y a deux ans, mourait sans
tapage un artiste français d’une
réelle valeur. Les Salons an-
nuels de Paris l’avaient accueilli
comme un hôte de peu d’impor-
tance ; il ne jouissait d’aucun
crédit auprès des marchands de
tableaux, et cependant son nom
était bien connu du public; la
librairie et les revues illustrées
l’avaient' rendu presque popu-
laire.
Nous avons déjà eu l’occasion
de nous occuper d’Auguste Lançon, mais ce n’a été qu’en passant, à
propos d’un album d’eaux-fortes ou d’une peinture perdue dans la
cohue des expositions; il nous semble aujourd’hui que l’œuvre de
cet homme de talent, mort à un âge où l’on n’a pas dit son dernier
mot, vaut d’être examiné de plus près. Il était le plus digne repré-
sentant en France d’un genre presque tombé dans l’oubli actuelle-
ment, la peinture d’animaux; cela seul mérite considération. Lançon
a, d’ailleurs, d’autres titres à notre estime; nous lui devons de ro-
bustes et sincères images de la dernière guerre ; il a célébré sans
lyrisme les misères de la défaite; cette manière vaut mieux que
l’autre où l’enflure pathétique ne va pas sans teinter d’une nuance
de ridicule le malheur des vaincus.
AUGUSTE LANÇON
Il y a deux ans, mourait sans
tapage un artiste français d’une
réelle valeur. Les Salons an-
nuels de Paris l’avaient accueilli
comme un hôte de peu d’impor-
tance ; il ne jouissait d’aucun
crédit auprès des marchands de
tableaux, et cependant son nom
était bien connu du public; la
librairie et les revues illustrées
l’avaient' rendu presque popu-
laire.
Nous avons déjà eu l’occasion
de nous occuper d’Auguste Lançon, mais ce n’a été qu’en passant, à
propos d’un album d’eaux-fortes ou d’une peinture perdue dans la
cohue des expositions; il nous semble aujourd’hui que l’œuvre de
cet homme de talent, mort à un âge où l’on n’a pas dit son dernier
mot, vaut d’être examiné de plus près. Il était le plus digne repré-
sentant en France d’un genre presque tombé dans l’oubli actuelle-
ment, la peinture d’animaux; cela seul mérite considération. Lançon
a, d’ailleurs, d’autres titres à notre estime; nous lui devons de ro-
bustes et sincères images de la dernière guerre ; il a célébré sans
lyrisme les misères de la défaite; cette manière vaut mieux que
l’autre où l’enflure pathétique ne va pas sans teinter d’une nuance
de ridicule le malheur des vaincus.