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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 4
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Lostalot, Alfred de: Un peintre animalier: Auguste Lançon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0358

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320

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Auguste Lançon naquit le 16 décembre 1836 à Saint-Claude, dans
le Jura : son père était menuisier et c’est dans l’établi paternel qu’il
apprit de lui-même les premières règles du dessin. On le fit entrer
au collège de la ville et il y resta jusqu’à sa dix-septième année. Les
ressources de sa famille ne pouvaient le mener plus loin. C’est à cet
âge, à peine frotté de littérature mais déjà maître de son crayon,
qu’il entama résolument la lutte pour l’existence. Apprenti dans une
imprimerie lithographique de Lons-le-Saunier, le jeune Lançon n’y
fit qu’un court séjour; l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon n’était pas
loin, il y fut bientôt admis. Une Vue de Saint-Claude, dessinée en
lithographie, attendrit le conseil général du Jura qui vota quelques
subsides au jeune artiste; des lithographies de commerce équili-
brèrent tant bien que mal son modeste budget et lui permirent de
continuer ses études à l’École pendant quatre années consécutives.

En somme, si pénibles qu’aient été les débuts de Lançon, il n’y a
pas à s’étonner qu’il soit venu à bout de tous les obstacles ; l’amour
de l’art et de l’indépendance que l’on entrevoit au bout des efforts
élève les cœurs et rend les privations moins dures. Beaucoup
d’artistes, parmi ceux qui ont fait leur chemin, ont passé par les
mêmes déboires et n’en tirent aücune vanité. Je n’en citerai qu’un,
Bracquemond, dont les commencements ressemblent étonnamment à
ceux de Lançon. Ce n’est pas, du reste, cette raison seule qui amène
sous ma plume le nom du célèbre graveur : il y a des analogies très
sensibles dans l’œuvre de l’un et de l’autre; on y retrouve la même
volonté opiniâtre de sortir delà routine des Écoles, la même sincérité
d’expression, et aussi une certaine rudesse dans la forme qui décon-
certe un peu les partisans exclusifs des « travaux châtiés ».

Auguste Lançon passa en 1858 de l’École des Beaux-Arts de Lyon
à celle de Paris; l’atelier de Picot lui fut ouvert, mais il profita le
moins possible des leçons qu’on y donnait; il préférait installer son
chevalet au Louvre devant les toiles des maîtres. Quant à ses compo-
sitions personnelles, son esthétique un peu hésitante, au début, ne
tarda pas à se fixer. Lyon l’avait vu peindre des sujets de genre
italiens et des tableaux empruntés aux romans de Chateaubriand ; à
Paris, dès 1861, il entame la série des études militaires et des pein-
tures d’animaux qu’il a continuées jusqu’à sa mort et où il a donné
probablement la mesure de son talent.

Je crois superflu de relever une à une toutes les toiles de Lançon;
ce n’est d’ailleurs pas comme peintre qu’il nous intéresse. Atteint de
la maladie du noir, il ne parvint jamais à s’en guérir; lui-même se
 
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