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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 1
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Durand-Gréville, Émile: La peinture aux États-Unis, 1: les galeries privées
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0082

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GAZETTE UES BEAUX-ARTS.

monde artistique, mais assez goûtés en Amérique pour l’habileté calligraphique
de la main, beaucoup de noms marquants et même d’œuvres de valeur : un beau
Chêne, de Courbet; une très jolie promeneuse en robe jaune, du meilleur temps de
Stevens, intitulée : A la campagne; un bon Dupré; deux Couture; une charmante
Toilette de Vénus, qui est de beaucoup le meilleur Diaz de la collection et qui pro-
vient de la vente Morgan; un très grand et très beau Pâturage, de Van Marche,
cet artiste si souvent inférieur à lui-même; deux Daubigny; un Meissonier im-
portant; une Mère italienne, de Bonnat, belle esquisse libre et sincère; un bon
Breton, la Récolte des pommes de terre, sans grand charme de couleur, mais plus
serré de dessin et de modelé qu’à l’ordinaire; une Nymphe, de Ilenner, simple
pochade d’une extrême richesse; un beau Millet, la Rentrée du troupeau; enfin
un très beau spécimen de Troyon, le Passage du gué, plein de lumière et d’har-
monie. Ceux qui aiment la bonne peinture ont de quoi se délecter dans cette col-
lection.

Celle de Mrs Borie est moins nombreuse, mais elle contient une masse d’ou-
vrages intéressants. On se fatigue à énumérer les belles choses, et le lecteur se
lasse encore plus vite de ces litanies admiratives. Éliminons tout ce qui est
secondaire, il en restera toujours assez. Sur cinq toiles qui portent le nom et
même la signature de Diaz, trois sont très médiocres, mais deux sont tout à fait
remarquables: Fontainebleau et Enfants et chiens dans une forêt, d’un excellent
sentiment de nature, avec une couleur riche et sobre et une rare sincérité de
dessin, approchent véritablement du chef-d’œuvre. Corot est là avec un très joli
Rord de rivière et deux autres toiles Irès insignifiantes. Les Trois vaches blanches,
de Troyon, achetées à sa vente, forment une charmante harmonie; mais il
faudrait louer plus longuement un Troyon de premier ordre, le Pâturage, où
trois taureaux, une vache blanche, un petit chien aboyant, un pêcheur sortant
d’une rivière, sont dans une vaste plaine, sous un ciel étonnamment gras, large-
ment et légèrement brossé, que remplissent des masses de vapeurs blanches et
grises entre lesquelles apparaissent, çà et là, des échappées d’un bleu exquis.
Rousseau est représenté par trois paysages dont le plus modeste comme dimen-
sions, — 15 cent, sur 21, — renferme tout un petit monde paisible, où quelques
cabanes et quelques bouquets d’arbres font les frais de la composition. Mais l’exé-
cution libre et savoureuse en fait une œuvre remarquable.

Passons sur Daubigny, Dupré, Decamps, dont les ouvrages contenus dans cette
galerie ne sont d’ailleurs pas sans intérêt. Voici un Géricault, sinon transcen-
dant, du moins authentique, les Courses sur le Corso ; il n’y en a guère qu’un ou
deux autres du même artiste aux États-Unis. Bonvin est un peu moins rare : nous
trouvons ici une des trois ou quatre répétitions qu’il a faites de sa petite Ecole de
sœurs et une œuvre charmante qui n’a pas plus de nom que de sujet : une femme
à bonnet blanc et à tablier blanc, assise de profil devant une table sur laquelle
un chat mange dans une assiette de terre commune. Ajoutez un ou deux pots ver-
nissés, un couvercle, et c’est tout. Mais ce tout est intime et sincère, blond presque
comme un Chardin. Si on avait un peu de temps, on s’arrêterait à admirer
comment l’artiste, par un sentiment des valeurs très juste, a mis une singulière
variété dans les blancs du bonnet, du tablier et de la nappe.

Depuis l’Intérieur d’une chapelle, œuvre somptueuse et sombre d’Eugène Dela-
croix (n° 94 de sa vente) que nous avions vue dans la collection du Dr Angell, à
 
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