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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
impertinente d’un contemporain « plus foie que reine » G A cette
époque Perréal était valet de chambre du roi et touchait 240 livres
de pension annuelle; cette situation lui fut conservée jusqu’en 1522,
date probable de sa mort.
Mais Bourdichon etPerréal n’étaient point les seuls qui peignissent
le portrait dès la fin du xve siècle. Yoici par exemple un certain Gau-
tier, dont il n’est fait mention nulle part, et qui dessina la figure de
Robert Gaguin publiée par André Tlievet, si maltraitée par la gravure
mais qui avait pu être une œuvre d’une certaine importance. Cette
effigie fut prise par Tlievet sur une tapisserie dans le couvent des
Mathurins de Paris où Gaguin était mort. Au bas on lisait ces vers :
De mon temps l’an soixante et dix
Gautier me fit tel que je suis,
Mil quatre cent nouante neuf
Quand à Paris cheut le pont neuf2.
Si je livre le nom de ce portraitiste aux recherches des érudits,
ce n’est pas pour le ranger sous la bannière de Bourdichon, qui n’était
point un chef d’école et ne connaissait probablement pas Gautier,
mais pour mentionner un artiste ayant fait œuvre de portraiture.
Tels sont les seuls peintres à désigner pour une période de trente
années, antérieurement à la renommée de Clouet. Il n’en manque
sûrement pas d’autres que les publications d’inventaires feront
connaître; je crois prudent de m’en tenir là pour le moment, car
citer un nom sans indiquer une œuvre est souvent inutile dans un
travail du genre de celui-ci. Arrivons à Clouet, Jean Clouet, le succes-
seur immédiat de Bourdichon et de Perréal, et le plus célèbre avec
son fils François, de tous les portraitistes du xvie siècle.
II
JEAN CLOUET (1485?-1 541) .
Je ne sais rien qui puisse être comparé à la fortune du nom de
Clouet. Même les ignorants le connaissent et l’emploient, un Clouet
est aujourd’hui synonyme de portrait sur panneau du xvie siècle, du
1. Cf. Rouard, François Ier chez Mme cle Boisy. Paris, Aubry, 1863, in-4°.
M. Rouard attribue l’inscription à François I01’, ce qui eut été un bien grand manque
de galanterie.
2. Tlievet, Vies des hommes illustres, 1584, fol. 530.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
impertinente d’un contemporain « plus foie que reine » G A cette
époque Perréal était valet de chambre du roi et touchait 240 livres
de pension annuelle; cette situation lui fut conservée jusqu’en 1522,
date probable de sa mort.
Mais Bourdichon etPerréal n’étaient point les seuls qui peignissent
le portrait dès la fin du xve siècle. Yoici par exemple un certain Gau-
tier, dont il n’est fait mention nulle part, et qui dessina la figure de
Robert Gaguin publiée par André Tlievet, si maltraitée par la gravure
mais qui avait pu être une œuvre d’une certaine importance. Cette
effigie fut prise par Tlievet sur une tapisserie dans le couvent des
Mathurins de Paris où Gaguin était mort. Au bas on lisait ces vers :
De mon temps l’an soixante et dix
Gautier me fit tel que je suis,
Mil quatre cent nouante neuf
Quand à Paris cheut le pont neuf2.
Si je livre le nom de ce portraitiste aux recherches des érudits,
ce n’est pas pour le ranger sous la bannière de Bourdichon, qui n’était
point un chef d’école et ne connaissait probablement pas Gautier,
mais pour mentionner un artiste ayant fait œuvre de portraiture.
Tels sont les seuls peintres à désigner pour une période de trente
années, antérieurement à la renommée de Clouet. Il n’en manque
sûrement pas d’autres que les publications d’inventaires feront
connaître; je crois prudent de m’en tenir là pour le moment, car
citer un nom sans indiquer une œuvre est souvent inutile dans un
travail du genre de celui-ci. Arrivons à Clouet, Jean Clouet, le succes-
seur immédiat de Bourdichon et de Perréal, et le plus célèbre avec
son fils François, de tous les portraitistes du xvie siècle.
II
JEAN CLOUET (1485?-1 541) .
Je ne sais rien qui puisse être comparé à la fortune du nom de
Clouet. Même les ignorants le connaissent et l’emploient, un Clouet
est aujourd’hui synonyme de portrait sur panneau du xvie siècle, du
1. Cf. Rouard, François Ier chez Mme cle Boisy. Paris, Aubry, 1863, in-4°.
M. Rouard attribue l’inscription à François I01’, ce qui eut été un bien grand manque
de galanterie.
2. Tlievet, Vies des hommes illustres, 1584, fol. 530.