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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Chennevières, Henry de: Les Ruggieri, artificiers: 1730-1885
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0159

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LES R U GG IE RI, ARTIFICIERS.

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foire Saint-Germain (mars 1769) un Wauxhall semblable à celui des
boulevards de la porte Saint-Martin ouvert par Torré. Et tout cela,
sans préjudice des progrès chaque jour accomplis et venus de l’ému-
lation. Vers 1786, c’était les feux de Bengale prenant couleur sous
les doigts de Petronio, puis les montgolfières garnies d’artifice, puis le
palmier magique, et à mesure des découvertes de la chimie toutes les
surprises pyrotechniques en usage aujourd’hui. Il fut donc facile à
Michel Ruggieri, en succédant à Petronio son père et à ses oncles, de
briller des meilleurs dons de sa famille aux Feux du Consulat et de
l’Empire, comme aussi à son frère, Claude Fortuné, le rédacteur des
curieux Éléments de Pyrotechnie publiés en 1810, celui-là, l’artificier
de Tivoli-Beaujon, du sacre de Charles X et des premières années de
Louis-Philippe.

Il y a parmi l’œuvre des Ruggieri une part d’art décoratif
bien sensible dès leur début, non pas seulement cette vague appa-
rence agréable nécessaire au gros succès de tout métier parlant
aux yeux, mais une vraie recherche de formes. Pour leur esprit d’in-
vention inquiet du mieux, la beauté du « dessein » est de conséquence
tout comme la précision et la rapidité des jets. Aussi les contem-
porains leur reconnaissaient-ils une « propreté » admirable : or on
sait le sens de ce mot alors synonyme de coquetterie, de grâce, d’élé-
gance et d’agrément. Avec l’abondance ingénieuse de leur nature
légère et souple, il y aurait eu lieu de s’étonner, en effet, de leur
indifférence pour la partie supérieure de l’artifice. Ils avaient, au
contraire, la préoccupation du dessin à chaque nouvel ouvrage et se
la raisonnaient, tantôt en suivant pour leurs girandes et leurs figures
les motifs des Édifices du Feu en vue de faire un tout ensemble, tantôt
s’écartant un peu des idées de cette même base mais ces fois-là encore
pour y revenir et les compléter indirectement.. Au reste, l’époque
antérieure à la découverte des couleurs et des Bengales de Petronio,
avait forcé les Ruggieri à une grande variété de compositions comme
garantie indispensable de succès, car, de fait, les nuances du feu
étant inconnues, cette diversité occupait seule le regard. Assurément
on ne voit pas les lignes ni les profils de leurs bouquets différer de
manière absolue d’avec les règles ordinaires des artifices de Torré ou
des autres ; mais aux détails d’ordonnances, à une certaine harmonie
progressive leurs Feux de famille se recommandent entre tous.

Notre Ruggieri contemporain, Désiré François, fils de Fortuné, tint
surtout à unir de plus en plus l’art et l’artifice. Sa vie fut même leur
trait d’union continuel (1818-1885). Entré dès dix-huit ans à l’atelier
 
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