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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Lecoy de La Marche, Albert: Les anciennes collections de manuscrits, 2: leur formation et leur installation
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0162

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142

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

grecs, arabes et latins anciens ; 2° manuscrits latins modernes ;
3° manuscrits français, italiens, espagnols; 4Ü livres imprimés,
hébreux, grecs et latins; 5° livres imprimés, français et italiens.
Transférée par Colbert, en 1666, dans une maison de la rue Vivienne,
elle s’accrut avec une rapidité prodigieuse par une série de donations,
de legs, d’acquisitions de toute nature, telles que celles de huit mille
volumes que ce ministre avait accaparés pour sa collection parti-
culière, des manuscrits de Gaston d’Orléans, du comte de Béthune,
du cardinal de Mazarin. Le palais élevé par ce dernier la reçut enfin
dans ses vastes galeries, qu’elle occupe depuis 1721. Trente ans
auparavant, un règlement sage et libéral, dont l’honneur revient à
Louvois, l’avait ouverte à tous les lecteurs deux fois par semaine. La
suppression des établissements religieux et les confiscations sans
nombre opérées par le régime révolutionnaire achevèrent, comme
Ton sait, de faire de ce dépôt un véritable trésor national. C’est ainsi
que la petite librairie de nos souverains est devenue peu à peu la
plus grande bibliothèque publique de l’Europe L

A l’instar de nos rois de France, beaucoup de princes de leur
maison se firent collectionneurs de livres. Tous ceux que nous avons
cités ailleurs pour leur amour des belles miniatures étaient naturel-
lementdes bibliophiles passionnés. Les frères de Charles Y rivalisaient
avec lui, et le duc de Berry surtout avait amassé des richesses litté
raires dont l’importance a été plus d’une fois signalée par l’érudition
moderne. Les ducs d’Anjou, de Bourgogne, d’Orléans, de Bourbon,
de Nemours, Charles, duc de Guyenne, frère cadet de Louis XI,
eurent dans leurs châteaux de fort belles librairies. Il y a bien peu
d’inventaires princiers, aux xive et xve siècles, qui ne contiennent,
parmi les descriptions de joyaux et d’effets précieux, un intéressant
catalogue de livres, jetant un jour inattendu sur les goûts et les
occupations du châtelain. Les uns, comme Charles d’Orléans, rassem-
blaient plus volontiers les œuvres des poètes. Les autres, comme René
d’Anjou, avaient un faible pour l’histoire naturelle ou la littérature
étrangère. Les princesses lettrées, comme Marie de Hongrie,
Charlotte de Savoie, Marguerite de Flandre, duchesse de Bourgogne,
gardaient dans un coin de leur appartement privé leurs auteurs
favoris, hagiographes, romanciers, légendaires. Chez les prélats,
comme le cardinal de Foix, le cardinal d’Amboise, dominaient la
théologie et le droit canon, mais sans exclusion des classiques païens.

1. Ses développements successifs ont été exposés avec les plus grands détails
par le savant auteur du Cabinet des manuscrits, t. I et II.
 
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