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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Molinier, Émile: Exposition rétrospective d'orfèvrerie à Tulle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0177

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EXPOSITION D’ORFEVRERIE A TULLE.

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ncien : on s’exposerait à prendre telle sculpture exécutée par un maçon du
xvme siècle ou même de nos jours pour un travail de l’époque romane. Quant
aux émaux à lamelles, j’ai beau me frotter les yeux, je ne vois en leur lieu et
place qu’un émail très impur appliqué par un artisan maladroit. Pour les émaux
de Venise, qui sont en effet mentionnés dans quelques inventaires, je crains bien
que nous ignorions longtemps encore quels caractères ils présentaient, du moins
antérieurement au xv° siècle. Il faut donc restituer à Limoges, et je le fais sans
enthousiasme, une série de monuments peu propres à faire honneur à ses artistes.

Je ne dirai qu’un mot de deux grandes châsses possédées par la cathédrale de
Tulle. Leur revêtement en cuivre doré est moderne et les figures en argent
repoussé qu’on y a fixées et qui proviennent d’un autre monument, œuvres du
xiie siècle, ne méritent guère de fixer l’attention. Signalons toutefois la forme de
ces châsses coupées par un transept, disposition dont la châsse de Laguenne, jadis
dans la collection Sôltykoff, et une châsse de la collection Spitzer offrent des
exemples limousins.

Ne quittons pas l’orfèvrerie émaillée sans dire un mot de la charmante colombe
eucharistique de Laguenne qui, plus heureuse que la plupart de ses similaires,
dispersées aujourd’hui dans les collections publiques ou privées, a gardé son pla-
teau et sa chaîne de suspension ornée d’une couronne gemmée. Je crois bien que
c’est, avec celle de Saint-Yrieix, la seule colombe qui reste dans une église limou-
sine. Si je signale une jolie navette émaillée, d’un travail très fin, appartenant à
l’église de Soudeilles, je n’aurai omis aucun objet important ayant un caractère
local bien tranché.

Les reliquaires en métal précieux sont rares à l’exposition. Je signale seulement
pour mémoire une boîte en argent, en partie doré, envoyée par l’église de Beaulieu :
sa forme, dont deux cylindres de diamètre différent et superposés peuvent donner
une idée, est aussi bizarre que son ornementation qui se composait autrefois d’une
étoffe tissée d’or retenue par des frettes de métal et de deux rangs de menues
perles fines. Un couvercle plat recouvre cette boîte qui repose sur trois pieds en
forme de boule ; sur un bouton, sorte de châton de bague qui orne la partie médiane
de l’anse demi-circulaire, montée à pivots sur les côtés du couvercle, se lit un
monogramme niellé assez semblable à ceux que l’on voit sur les bagues mérovin-
giennes ; les lettres sont disposées aux extrémités d’une croix centrale. Est-ce là
un reliquaire ou simplement un ustensile domestique transformé plus tard en
objet religieux? je n’ose trop me prononcer aussi vite sur un point très discutable;
dans tous les cas, ce monument pourrait fort bien remonter à l'époque carolin-
gienne à moins qu’il ne soit byzantin.

Je touche à la fin de ce rapide coup d’œil sur l’exposition de Tulle. Je ne vou-
drais pas toutefois la quitter sans accorder une mention aux bras-reliquaires de
Saint-Fréjoux et de Chamberet et surtout à ceux de Beaulieu (xni® siècle). Cette
dernière église en a envoyé deux qui, par la finesse de leurs filigranes et les
appliques représentant des aigles qui les décorent, méritent qu’on les signale spé-
cialement. Je n’aurai garde non plus d’oublier la croix à double croisillon de
Darnets (xme siècle) toute couverte de filigranes et de cabochons parmi lesquels
on distingue une pâte de verre antique ; la croix d’Obazine (xne siècle) qui figurait
déjà 1 an dernier à Limoges ; une croix en argent estampé prêtée par M. l’abbé
Pau, toute recouverte de rinceaux et de fleurs finement dessinés et enfin le reli-
 
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