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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Pératé, André: Correspondance d'Italie: l'exposition des tissus (à Rome); la nouvelle façade de Santa-Maria del Fiore (à Florence)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0189

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CORRESPONDANCE D’ITALIE.

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temps un des plus anciens monuments de ce genre, et le plus achevé, une fleur de
byzantinisme. On a généralement renoncé à en reculer l’époque jusqu'à Charlemagne,
et on adopte volontiers le xne siècle. Ladalmatique n’a malheureusement pas encore
été examinée par quelqu’un dont la compétence en matière textile fût éprouvée ;
jusqu’à ce quelle le soit, on s’en rapportera un peu arbitrairement au caractère des
inscriptions et des figures. Cette question de date est fort délicate pour des monu-
ments byzantins, sur lesquels on a peu de renseignements précis. Si l’on s’en tenait
seulement au caractère des figures, et si l’on songeait à cette renaissance du ix° siècle,
qui a ravivé l’art byzantin par des souvenirs romains, on hésiterait davantage encore.

L’attrait le plus vif de l’Exposition était évidemment la collection de dentelles
anciennes, qui comptait des merveilles. Peu d’échantillons de dentelle française ou
flamande; partout Venise, dont on ne se lassait point. Il y avait là des bijoux en
point à la rose, avec des reliefs de menues fleurs picotées, des branchages d’une
ténuité prodigieuse. Le marquis Ghigi, la comtesse Hirscbel,M. Baraffel exposaient
de superbes exemplaires de ce point à la rose; M. Guggenheim, de Venise, avait
un rond en point de guipure à petites roses dont on ne peut imaginer l’exquise
finesse ; Mm0 Guggenheim, un col et une manchette du même style, aussi extraor-
dinaires; Mmo Ristori, de Florence, un mouchoir dont la bordure à petites roses
et feuillages minuscules devait exciter des passions. La maison Bonaparte possède
un échantillon de point d’Argcntan d’une rareté extrême, dérivation du point de
Burano, plus fantaisiste, plus libre que le classique point de Venise. Le duc de
Forlea exposait des dentelles au fuseau et à l’aiguille, et M. Le Lieure, des den-
telles de point à réseau polychrome, en soie, or et argent, qui remontent au
xve siècle. Enfin la fabrique vénitienne de Jesurum avait des échantillons fort
beaux de point ancien, et des copies satisfaisantes d’œuvres des xvie et xvne siècles.

L’art de la dentelle commence à renaître en Italie, et les ouvrières de Milan
savent parfois imiter, avec une fidélité scrupuleuse, les modèles anciens, de Venise
ou de Flandre; à Burano, on fait aussi de louables efforts; mais retrouvera-t-on
jamais cette précision incomparable de la main-d’œuvre, celte patience de l’ai-
guille, et cette délicatesse idéale du fil?

II

Le mai dernier s’inaugurait solennellement la nouvelle façade de Santa-
Maria del Fiore, la cathédrale de Florence. C’était une fête nationale où l’on n’a-
vait rien épargné, jeux, tournois, cortège historique;• et la coïncidence du cente-
naire de Donatello, célébré par une exposition de ses œuvres1, ajoutait à la joie
des Florentins. Que de temps il avait fallu, et que d’essais infructueux, pour abou-
tir à ce triomphe! J’ai sous les yeux une bonne pelite brochure de M. Zenuti, plus
pratique que l’énorme monographie de l’architecte Del Moro; elle va nous donner
1 histoire de ces tentatives, et des plans que l’on conserve au petit musée sis der-
rière la cathédrale, l'Opera del Duomo.

Ce fut sur l’emplacement de l’ancien temple de Santa-Reparala qu'Àrnolfo del
Cambio, en 1296 ou 1298, jeta les fondements de la cathédrale de Florence. Les
travaux, interrompus par sa mort en 1310, furent repris en 1334 sous la direction

1. La Chronique, du 2 juillet a dit l’essentiel sur l’intéressante exposition du Bargello;
il serait inutile d’insister.
 
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