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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de la peinture japonaise, depuis la fin- du ixe siècle jusqu’à Kôrin, c’est-à-dire
jusqu’au commencement du ivme.
Cette première partie nous offre des considérations d’un haut intérêt, notam-
ment en ce qui concerne l’ancienne école de sculpture de Nara, jusqu’alors si peu
connue, et de précieuses reproductions en chromolithographie et en héliogravure,
procédé Dujardin. Nous citerons le portrait en bois sculpté de Shotokou Daïshi,
enfant (vne siècle) ; les deux colossales figures de gardiens du ciel, au temple de
Todaïji, à Nara, attribuées au ciseau d’Anami Ivouakeï (xie siècle); un grand
kakémono représentant Tchung-li-Kouan, l’un des huit Immortels, chef-d’œuvre
de Motonobou (collection Anderson au British Muséum, xve siècle), et le curieux
fac-similé d’une gravure japonaise d’après la célèbre peinture de Tao-tzeu, le plus
grand artiste chinois du vme siècle, représentant les Huit événements de la mort de
Sakya-Mouni et conservée dans le temple de Mandjioudji, à Kioto.
La seconde partie embrasse tout le développement de l’art japonais, pendant
ce brillant xvm° siècle qui a été l’époque des élégances et des raffinements suprêmes :
l’école naturaliste de Kioto (école Shijo), l’épanouissement de l’école vulgaire pré-
parant la venue de Hokousaï, les progrès de l’art industriel (laques, broderies,
céramique, ciselure des métaux, xylographie), et la décadence du xixe siècle; elle
contient enfin un chapitre sur l’origine et l’influence, au point de vue de l’art, de la
cérémonie du « Tshianoyou » ou cérémonie du thé, et des détails techniques inté-
ressants sur les procédés de la peinture. Il convient de signaler parmi les repro-
ductions : une série d’anciens masques de théâtre (xie siècle), conservés dans le
temple de Todaïji, à Nara; un paysage du vieux maître Shiouboun, dont les œuvres
sont si rares (collection Anderson, au British Muséum); un portrait du fameux
prêtre bouddhiste Youima-Koji, par Shiougetsou (xv° siècle), de la même collection,
gravé en couleurs; et un admirable paravent à six feuilles décoré de scènes fami-
lières dans un grand paysage. Celte œuvre magistrale, la plus précieuse assurément
que possède le British Muséum, est attribuée par le docteur Anderson à Kano
Yasounobou (xvn° siècle) ; nous la croyons beaucoup plus ancienne et nous serions
tenté d’y voir, pour notre part, un chef-d’œuvre sans prix du grand Motonobou
lui-même. Dans tous les cas, s’il fallait y voir une production du xvne siècle,
c’est à Sanrakou et non à Yasounobou, frère de Tanyu, que nous en ferions
honneur. La reproduction en héliogravure est d’une perfection accomplie.
La troisième et la quatrième parties sont consacrées à la technique des arts
industriels et à l’analyse des caractères spéciaux à l’art du Nippon. L’ouvrage se
termine par deux notices sur l’art coréen et sur l’art chinois dans leurs rapports
avec l’art japonais. De belles reproductions, d’après des peintures de Sosen, d’Okio,
de Hokousaï et de différents maîtres de l’école Shijo, sont à remarquer. L’auteur
a donné d’intéressants développements au chapitre de 1 illustration des livres
par la gravure en noir et en couleurs; sa bibliothèque japonaise lui a fourni de
nombreux renseignements inédits.
Mais, comme nous l’avons dit plus haut, le Catalogue descriptif des peintures
japonaises et chinoises est un travail d’une portée plus scientifique. M. Anderson
y prend texte de la vaste collection de kakémonos, de rouleaux, d’albums peints,
de livres imprimés ornés de gravures, qu il a formée pour le British Muséum, et
présente au lecteur un tableau, complet jusqu’en ses plus petits détails, des diverses
écoles de peinture du Japon. Chaque artiste, depuis les plus célèbres jusqu aux
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de la peinture japonaise, depuis la fin- du ixe siècle jusqu’à Kôrin, c’est-à-dire
jusqu’au commencement du ivme.
Cette première partie nous offre des considérations d’un haut intérêt, notam-
ment en ce qui concerne l’ancienne école de sculpture de Nara, jusqu’alors si peu
connue, et de précieuses reproductions en chromolithographie et en héliogravure,
procédé Dujardin. Nous citerons le portrait en bois sculpté de Shotokou Daïshi,
enfant (vne siècle) ; les deux colossales figures de gardiens du ciel, au temple de
Todaïji, à Nara, attribuées au ciseau d’Anami Ivouakeï (xie siècle); un grand
kakémono représentant Tchung-li-Kouan, l’un des huit Immortels, chef-d’œuvre
de Motonobou (collection Anderson au British Muséum, xve siècle), et le curieux
fac-similé d’une gravure japonaise d’après la célèbre peinture de Tao-tzeu, le plus
grand artiste chinois du vme siècle, représentant les Huit événements de la mort de
Sakya-Mouni et conservée dans le temple de Mandjioudji, à Kioto.
La seconde partie embrasse tout le développement de l’art japonais, pendant
ce brillant xvm° siècle qui a été l’époque des élégances et des raffinements suprêmes :
l’école naturaliste de Kioto (école Shijo), l’épanouissement de l’école vulgaire pré-
parant la venue de Hokousaï, les progrès de l’art industriel (laques, broderies,
céramique, ciselure des métaux, xylographie), et la décadence du xixe siècle; elle
contient enfin un chapitre sur l’origine et l’influence, au point de vue de l’art, de la
cérémonie du « Tshianoyou » ou cérémonie du thé, et des détails techniques inté-
ressants sur les procédés de la peinture. Il convient de signaler parmi les repro-
ductions : une série d’anciens masques de théâtre (xie siècle), conservés dans le
temple de Todaïji, à Nara; un paysage du vieux maître Shiouboun, dont les œuvres
sont si rares (collection Anderson, au British Muséum); un portrait du fameux
prêtre bouddhiste Youima-Koji, par Shiougetsou (xv° siècle), de la même collection,
gravé en couleurs; et un admirable paravent à six feuilles décoré de scènes fami-
lières dans un grand paysage. Celte œuvre magistrale, la plus précieuse assurément
que possède le British Muséum, est attribuée par le docteur Anderson à Kano
Yasounobou (xvn° siècle) ; nous la croyons beaucoup plus ancienne et nous serions
tenté d’y voir, pour notre part, un chef-d’œuvre sans prix du grand Motonobou
lui-même. Dans tous les cas, s’il fallait y voir une production du xvne siècle,
c’est à Sanrakou et non à Yasounobou, frère de Tanyu, que nous en ferions
honneur. La reproduction en héliogravure est d’une perfection accomplie.
La troisième et la quatrième parties sont consacrées à la technique des arts
industriels et à l’analyse des caractères spéciaux à l’art du Nippon. L’ouvrage se
termine par deux notices sur l’art coréen et sur l’art chinois dans leurs rapports
avec l’art japonais. De belles reproductions, d’après des peintures de Sosen, d’Okio,
de Hokousaï et de différents maîtres de l’école Shijo, sont à remarquer. L’auteur
a donné d’intéressants développements au chapitre de 1 illustration des livres
par la gravure en noir et en couleurs; sa bibliothèque japonaise lui a fourni de
nombreux renseignements inédits.
Mais, comme nous l’avons dit plus haut, le Catalogue descriptif des peintures
japonaises et chinoises est un travail d’une portée plus scientifique. M. Anderson
y prend texte de la vaste collection de kakémonos, de rouleaux, d’albums peints,
de livres imprimés ornés de gravures, qu il a formée pour le British Muséum, et
présente au lecteur un tableau, complet jusqu’en ses plus petits détails, des diverses
écoles de peinture du Japon. Chaque artiste, depuis les plus célèbres jusqu aux