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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 3
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0274

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244

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Point d’escalier d’honneur. Des escaliers d’ailleurs spacieux mènent à l’étage
et par une ingénieuse combinaison des entrées, le visiteur se trouve dès l’abord à
même de porter le regard sur le développement intégral des galeries. Cette impres-
sion est saisissante. La décoration des salles ne peut être envisagée que comme
provisoire. Le ton des frises et des voûtes ne soutient pas suffisamment les har-
monies puissantes créées par un revêtement continu de toiles anciennes et de
dorures dont le temps a si merveilleusement fondu les éclats.

11 y a là une chose à étudier et la recherche s’indique d’autant mieux que les
colonnes qui, de la rampe de l’étage supportent la voûte, sont en marbre foncé.

La grande hauteur de la salle où maintenant sont réunis les Rubens, a permis
la surélévation des principales toiles du maître, jadis portées par la cimaise.

Incontestablement, ce nouvel arrangement est conforme à la logique. Je ne
sache point de musée en Europe où les grandes pages de Rubens soient vues dans
de meilleures conditions.

Personne n’ignore que la Belgique possède quelques-unes des plus vastes toiles
du puissant coloriste. Elles proviennent d’églises où, nécessairement, elles deman-
daient à être non seulement vues de loin, mais d’assez bas. Plus il sera possible
de tenir compte de ce double desideratum, et mieux se précisera la conception
de l’auteur.

Parmi les Rubens de Bruxelles, il y a notamment une Assomption de la Vierge
provenant de l’ancienne église des Carmes et pour le moins aussi grande que cette
autre Assomption conservée à Dusseldorf à cause de ses vastes dimensions, quand
la galerie électorale fut transportée à Munich. Envisagée jadis comme secondaire
parmi nos Rubens, Y Assomption se révèle aujourd’hui, jusque dans ses froides
tonalités, comme extraordinairement aérienne et radieuse. « Une fête d’été, »
disait Fromentin, et combien il disait vrai !

L'Adoration des Mages n’a pas moins profité du déplacement, bien que, parmi
les nombreuses interprétations de la donnée, ce ne soit pas une des principales
de son auteur.

C’est plus particulièrement, toutefois, la Marche au Calvaire qui nous apparaît
comme transformée sous l’influence de sa nouvelle exposition. Le mouvement
ascensionnel s’accuse avec une force surprenante et la foule tumultueuse monte à
l’assaut par un entraînement irrésistible. C’est une merveille de conception pitto-
resque.

Si nous passons aux longues galeries, nous constatons que l’arrangement, fait
avec beaucoup d’entente, n’a pu réussir à atténuer pour le visiteur l’impression
d’une surabondance de matériaux. S’il s’agissait d’un livre on le remplirait
d’alinéas. Il faudra bien du temps pour s’orienter à travers ces enfilades de tableaux
qui, pour avoir été rangés avec un souci très réel de la ligne harmonieuse, n’en
ont pas moins souffert, dans leur classement logique, des nécessités du local. Il y
a là comme une tradition brusquement interrompue, un rajeunissement de la
collection, prise dans l’ensemble et mettant hélas ! trop vivement en relief les
lacunes de notre dépôt national.

Les musées belges, en effet, sont loin de représenter l’École flamande avec
l’importance voulue. Il n’est certainement pas cl’école dont les œuvres soient plus
dispersées. Ce n’est pas seulement dans les musées, mais jusque dans les églises
de l’étranger, bien souvent, qu’il faut aller chercher ses représentations. Sans
 
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