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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les tombeaux des papes en France, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0319

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LES TOMBEAUX DES PAPES EN FRANCE.

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chappe, qui étoit attachée sur son corps avec des rubans ou cordons.

« Il n’y avoit dans le cercueil de ce souverain pontife ny inscrip-
tion, ny armoiries, ny médailles, et au lieu de quattre esquerres de
fer que j’ay marqué cjr-dessus être aux 4 coins de ce cercueil, il n’y
en avoit réellement que trois, mais on voyoit fort distinctement la
marque où avoit été la 4e. Ce qui fait croire avec beaucoup de fonde-
ment et de vraysemblance qu’il avoit été ouvert par les Catalans
lorsqu’ils étaient maîtres d’Avignon en 1401, sous Benoît XIII,
antipape, appelé Pierre de Luna, et que les médailles que l’on met
ordinairement dans le tombeau des papes avoient depuis lors été
enlevées.

« Le 1er mars 1759, on transféra avec beaucoup de respect le corps
du saint pape dans son même mausolée qu’on venoit de relever et
d’adosser contre le mur de la chapelle de Saint-Joseph, tout près de
l’autel. Ce fut en présence de Mgr de Manzi notre digne prélat, de
quelques-uns des Messieurs du chapitre, et d’un notaire qui en prit
acte, et dont on envoya copie à Rome 1. »

Voyons ce qui reste de ce monument somptueux. Le tombeau de
Jean XXII affecte une forme extraordinaire, c’est quelque chose
comme une châsse gigantesque, ou mieux un clocher en miniature,
un clocher à base rectangulaire, avec d’innombrables niches, statues,
dais et pinacles dentelés montant sans rime ni raison. C’est que nous
sommes au temps où l’architecture régnait en souveraine, imposant
ses formes à n’importe quelle œuvre d’art, aux productions des tail-
leurs de pierre, des huchiers aussi bien qu’à celles des orfèvres.

Le monument même se compose d’assises de pierre — non de
marbre — avec des ogives à jour supportant des clochetons entremêlés
de baldaquins sous lesquels étaient placées des statuettes.

De la statue couchée sous ce dais gigantesque, je ne dirai rien ici,
et pour cause : on ne sait trop ce qu’elle a de commun avec Jean XXII ;
la tête, coiffée d’une mitre simple, a très certainement été empruntée
à quelque statue d’évêque. Aujourd’hui, pour savoir comment était
disposée la partie supérieure de la statue primitive, nous en sommes
réduits à un méchant dessin à la plume, de la seconde moitié
du xviii0 siècle, que le hasard m’a fait découvrir au Cabinet des
estampes, dans la série iconographique. Dans ce dessin, dénué de tout

•1. Recueil de Deveras, B. p. 463-468. Une relation offrant un certain nombre
de variantes se trouve dans le manuscrit n° I (fol. 214) du fond Massillian à la
Bibliothèque d’Avignon; une autre, infiniment plus étendue, a été découverte par
M. Bayle, bibliothécaire près le même établissement.,
 
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