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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 4
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Renan, Ary: Torcello, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0323

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TORCELLO.

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facilement tout entière; car, clans l’intervalle de douze cents ans
environ, à des dates certaines, on la voit commencer et finir. Il fut
un temps, — et ce temps est postérieur à notre ère, — où c’était un
atterrissement inculte; ce fut ensuite un refuge, une retraite, une
liumble ruclie cachée où vint se concentrer un jeune essaim qui
fuyait le vieux continent. L’apogée vital de ce petit monde ne fut
pas sans gloire; il apporta son contingent aux brillantes annales de
Venise : mais le voici bientôt atteint d’une maladie mortelle. La
nature défait ce qu’elle a fait; Torcello pourrait dire, comme la Pia
du Dante : Maremma mi fece, e sfecemmi Maremma. Dès lors, la décré-
pitude ne s’arrêtera plus; aujourd’hui l’infortune du lieu est telle
que les ruines elles-mêmes ont disparu; plus tard, aucune fouille ne
pourra aider à recomposer les périodes de cette mélancolique histoire.

I.

La Vénétie romaine, c’était Padoue, Aquilée, Altinum, puis
Vérone et Ravenne. Une longue pinède allait de l’ile de Grado, qui
était le port d’Aquilée, jusqu’à l’embouchure du Pô. Derrière l’épi
de sable qui protège Venise et sa banlieue marine, soixante-douze
ilôts formaient un archipel en miniature rempli de cultures, de
jardins maraîchers ou de villégiatures des villes de terre ferme.
Les atterrissements qui bordent la côte étaient ainsi comme des
dépendances des cités continentales. Héraclée et Concordia formaient
un groupe avec Ëquilius et Caprule (Caorle); Altinum, municipe
florissant à l’époque romaine et qui communiquait avec Ravenne
sans crainte des pirates grâce aux lagunes et aux méandres de
l’embouchure du Pô, possédait Torcello et les parcelles émergeantes
du Rivus Altus (Rialto), berceau de la Venise actuelle; les passes du
Lido, de Saint-Erasme, de Treporti étaient les débouchés de cet
ensemble sur l’Adriatique. Padoue avait les siens à Malamocco (à
peu près l’ancien Metamaucum, Madamaucus), et à Chioggia (Fossœ
Claudiæ, Clodia portus, Clugia). Deux fleuves, aujourd’hui mécon-
naissables par suite des travaux d’art qui les ont déviés en tous sens,
mêlaient leurs eaux douces à celles des lagunes : la Brenta et le Sile.

Au ve siècle, les Huns, les Vandales, les Hérules, les OstrogothSj
les Longobards font irruption de tous côtés dans cette tranquille
province. A l’approche des barbares, le patriarche d’Aquilée, empor-
tant avec lui les reliques et les trésors des églises, vient se réfugier
 
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