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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 4
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Garnier, Édouard: La manufacture de Sèvres en l'an VIII, 1, Une page d'histoire
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0347

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LA MANUFACTURE DE SEVRES EN L’AN VIII.

311

gers U Les ventes au magasin étaient absolument nulles, et si parfois
il arrivait la commande d’un service ou d’un déjeuner, il était presque
toujours impossible de l’exécuter dans les délais voulus, par suite du
manque d’or 1 2.

Malgré la pénurie extrême de sa caisse, il y avait cependant une
dépense à laquelle la manufacture ne pouvait se soustraire et qu’il
lui fallait acquitter avant tout, c’était celle de la viande destinée à
l’alimentation de tout son personnel, artistes, ouvriers et employés.
Tous les mois, pendant près de trois ans, elle avait dû payer à Sau-
vegrain, fournisseur de la boucherie des hôpitaux, 3,625 livres de
viande, à raison de huit sous la livre en moyenne. Quant au gouver-
nement, il donnait gratuitement la farine — et quelle farine3, parfois !
— avec laquelle on cuisait, dans la manufacture même, des pains de
sept livres et demie : c’est ce qu’on appelait la prestation en nature
dont la distribution était faite tous les cinq jours moyennant la
retenue du quart des appointements.

Cette distribution de vivres, qui était la source d’une foule
d’embarras et de réclamations, avait dû être supprimée, — officiel-
lement à dater du 1er vend, an Y1I (22 sept. 1798), mais en réalité le

1. Par arrêté en date du 16 prairial an VI (4 juin 1798), la manufacture avait
fourni pour 36,000 francs de porcelaines destinées aux plénipotentiaires Visconti,
Sebelloni et Ragonne, qui étaient venus négocier le traité d’alliance et de commerce
entre la République française et la République cisalpine. Quelques mois aupa-
ravant, un présent de 36,109 francs avait été envoyé au prince de la Paix, ministre
du roi d’Espagne; un de 24,000 francs au ministre du landgrave de Ilesse-Cassel ; un
autre de même valeur à M. d’Hangwitz, ministre du roi de Prusse, etc., etc. Sur
ces sommes, 14,480 francs seulement avaient été payés.

2. «.Déterminer à l’attente, à la patience, ces artistes sur lesquels le gouver-

nement peut compter, n’étoit peut-être pas la difficulté la plus inquiétante d’après
leur disposition au travail, mais il falloit l’instrument utile, nécessaire, indispen-
sable... de l’or, car sans ce métal, tous les travaux sont nullifiés... Heureusement
le cit. Auguste a prêté au cit. Salmon 2 onces d’or, grâces auxquelles on a pu
terminer le service du prince Pignatelli. » (Lettre des directeurs Salmon et Hettlinger,
à Dubois, chef de la 4e div. au min. de l’Intérieur.)

3. «.Dans la livraison qui a été faite par le magasin de Chartres, il s’est trouvé

cinq sacs d’une farine infecte et si mauvaise qu’il sera difficile même de la donner
aux animaux. » (Lettre de la Direction, 23 vend, an V.) — « .Ne pouvant payer,

1 faut tâcher de nourrir. Tâchez qu’à défaut d’argent nous puissions donner du
bon pain; nous n’avons que cette porte pour nous sauver. » (Lettre de Salmon,
9 vend, an VI.) — Il était donné un pain de sept livres et demie par personne
pour cinq jours. Cette distribution de vivres, commencée le 2 fructidor an III
(19 août 1793), ne cessa que le 23 prairial an VI (13 juin 1798). —La manufacture
fut souvent obligée de payer Sauvegrain avec des porcelaines prises au magasin.
 
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