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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 4
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Garnier, Édouard: La manufacture de Sèvres en l'an VIII, 1, Une page d'histoire
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0350

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

teau avait renvoyé à Dubois, chef de la 4° division, la pétition qui lui
avait été remise, en ayant soin d’écrire sur la marge une annotation
qui montre bien tout l’intérêt qu’il prenait à la triste situation qu’on
lui avait fait connaître : « Réponse urgente et secours qu’on ne peut
différer ; aviser aux moyens. — Est-ce qu’il n’y aurait pas moyen
d’avoir un magasin de Sèvres à Paris? — Ecrire au ministre des
finances. »

Ce fut par là que Dubois commença; il écrivit au ministre des
finances une lettre dans laquelle, exagérant la situation, il disait
qu’il « régnait dans les ateliers une fermentation sourde qui faisait
craindre que les choses poussées à l’excès n’amenassent la dissolution
totale d’une manufacture qui, depuis longtemps, faisait honneur à
l’industrie française », mais cette lettre ne produisit aucun résultat
et l’argent n'arriva pas plus que précédemment.

Quant à la proposition d’établir un magasin spécial à Paris, il
n’y avait pas lieu d’y donner suite. Plusieurs grands marchands,
entre autres « le cit. Devouges, cloître Honoré », avaient des porce-
laines de Sèvres en dépôt, mais chez eux, de même que chez tous les
marchands d’objets de luxe, la vente était nulle à cette époque.

Les délégués avaient vite compris, du reste, l’inutilité de la
démarche qu’ils avaient faite; ils résolurent de s’adresser plus haut,
et portèrent au Conseil des Cinq-Cents, le 1er messidor (19 juin), une
pétition signée par tous les artistes et ouvriers, et dans laquelle, sans
s’appesantir autant sur leur misère, ils insistaient plus particulière-
ment et avec plus de dignité qu’ils n’en avaient montré précédemment
sur l’intérêt qu’il y avait pour la France à conserver la manufacture :
« Citojmns législateurs, disaient-ils, c’était trop peu pour vous d’avoir
fait des lois pour le rétablissement de l’ordre et le maintien de la
justice dans la République; votre amour pour la gloire de la patrie
vous a encore fait accorder une protection spéciale à son commerce,
à son industrie et à ses arts, et c’est dans cet esprit que vous avez
décrété la conservation de la Manufacture des porcelaines de Sèvres
dont les ouvrages, portés au plus haut degré de perfection, font depuis
longtemps l’admiration des peuples et attirent l’or des étrangers. Eh
bien! cette maison si brillante, si utile et enrichie de tant de modèles
précieux créés à grands frais, et qui possède un actif de deux millions,
touche à sa ruine! Elle est perdue sans ressource si votre sollicitude
éclairée ne vient promptement à son secours. Les travaux y sont

dans une inertie alarmante. Nous voilons à votre sensibilité

l’affreux tableau de nos peines: il suffit pour vous intéresser forte-
 
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