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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 5
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Rod, Édouard: Les préraphaélites anglais, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0446

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Tout d'abord, il faut constater que le mouvement préraphaélite
n’est point un fait isolé : né après la période de transition qui a suivi
la mort de Shelley, de Byron, de Keats et de Coleridge, il a ses racines
dans les préoccupations les plus générales de l’Angleterre de cette
époque, il se trouve en connexion étroite avec le réveil religieux
d’Oxford et la Renaissance gothique.

En effet, le caractère essentiellement religieux ou mystique des
œuvres de l’Ecole est le premier qui frappe, celui qu’on voit le plus
clairement s’affirmer chez Holman Hunt et chez Rossetti, avec des
différences qui tiennent autant à la nature complexe du sentiment
inspirateur lui-même qu’aux dispositions et au tempérament des deux
artistes.

Holman Hunt, Anglais et protestant, demeure dans son œuvre ce
qu’il est probablement dans sa foi, ce que sont dans leurs convictions
la plupart des hommes de sa race, de son éducation et de son âge :
un croyant robuste et simple, qui retrouve dans toutes les choses de
la vie l’esprit du christianisme tel qu’il le comprend, et qui le com-
prend comme une morale autant que comme une métaphysique.
Comment une telle conception religieuse peut se manifester dans des
tableaux, comment elle peut être la principale source inspiratrice
d’un peintre, voilà ce que des critiques habitués à la peinture
flamande, italienne ou française auront peine à s'expliquer; avant
même d’avoir vu une seule toile de Holman Hunt, ils seront pris de
méfiance en lisant dans son catalogue des titres comme le Réveil de la
conscience, la Lumière du monde, l’Ombre de la mort, le Bouc expiatoire;
après avoir vu, ils conserveront des doutes, et se demanderont jusqu’à
quel point l’artiste a atteint son but. Ainsi, d’après les explications
du catalogue, le Réveil de la conscience nous représente une jeune
femme qui a été entraînée au mal par un homme « vulgaire et léger »
et installée par lui dans un petit cottage de Londres; elle a la
conscience soudain réveillée par les sons d’une vieille romance : « Oft
in the stilly night », que joue son amant sur un piano et qui lui
rappelle le temps où elle marchait dans le droit chemin. Si vous
regardez le tableau sans tenir compte du catalogue, mais en cher-
chant à en dégager l’impression morale, vous remarquerez : que le
visage de la jeune femme, qui se renverse douloureusement dans un
fauteuil, indique, par la tension des traits, un sentiment pénible; que
l’air indifférent et souriant avec lequel l’homme laisse errer ses
mains sur le piano marque que ce n’est pas la musique en elle-même
qui a pu produire un tel bouleversement ; que l’homme est plus vul-
 
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