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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 5
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Gonse, Louis: Un dictionnaire de l'ameublement et de la décoration
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0468

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422

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tel qu’il devait être. Il avait, en outre, concentré son attention sur
un petit nombre de points. Son ouvrage ne comprend guère plus de
trois cents articles relatifs au mobilier, le nôtre en embrasse plus
de six mille. Nous avons donc cru qu’il était de notre devoir, tout
en admirant beaucoup M. ATiollet-le-Duc, de le compléter parfois et
de le rectifier quand il était besoin.

« Une autre raison, qui nous a également obligé à remonter jus-
qu’à l’an 1300, c’est qu’au xive siècle le mobilier français commence
à revêtir des formes précises et, disons-le, nationales. Jusque-là, son
caractère était demeuré quelque peu incertain. Sa fabrication sans
règles bien fixes, ses façons rudimentaires n’avaient rien de définitif
ni de bien particulier. La fin du xme siècle voit éclore, au contraire,
un art mobilier nouveau, qui ne cherche plus seulement à être somp-
tueux et brillant, mais qui se préoccupe aussi d’être pratique. Remar-
quons enfin que le xiv° siècle, quoique bien troublé, est toutefois
singulièrement plus calme que le siècle suivant. Comme conséquence,
il est infiniment plus riche en beaux ameublements, en tentures de
prix, en orfèvreries admirables. La seconde partie de la guerre de
Cent ans, ne laissera, en effet, presque rien subsister de ce luxe
merveilleux. Fallait-il, pour que notre lecteur en connût les splen-
deurs, le renvoyer à un autre ouvrage?

« De même pour notre xix° siècle. Chaque période de vingt-cinq
années voit naître et disparaître un certain nombre de meubles nou-
veaux, que la génération précédente ignorait, que la génération sui-
vante ne connaîtra plus et sur lesquels l’absence de documents ne
manquera pas, dans la suite, d’embarrasser considérablement les
curieux et les archéologues. Faut-il en citer quelques preuves ? Au
troisième acte de la Mère coupable de Beaumarchais, nous avons tous
entendu la comtesse demander un brasier pour brûler les lettres de
Chérubin et Suzanne lui répondre : « Si c’est pour brûler des papiers,
la lampe de nuit allumée est encore là dans Y athénienne. » Qui de nous
sait au juste, aujourd’hui, en quoi consiste une athénienne ? Bien peu
de personnes seraient en état de dire quel est ce meuble dont Littré,
lui-même, a oublié de relever le nom ? Mieux que cela ! Au second acte
du Fils de Famille, Armand, le héros de la pièce, s’assied dans une
bohémienne et s’y trouve fort bien. Qu’est-ce qu’une bohémienne? On
le sait si peu qu’à la récente reprise de la pièce à l’Odéon, on était
dans un grand embarras. Aucun tapissier ne put fournir d’expli-
cation, les fils des deux auteurs avouaient leur égale ignorance, et
M. Lafontaine lui-même avait perdu tout souvenir du siège en ques-
 
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