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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Les dernières années de van Dyck
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0481

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LES DERNIÈRES ANNÉES DE VAN D Y G Iv.

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trop souvent hâtives et superficielles qu’il laissait à Londres, faire éclore sous l’œil
de ses confrères flamands des pages où chaque trait du pinceau est comme une
affirmation de nationalité. Aussi, s’il devenait jamais possible de mettre en présence
d’une exposition comme celle qui eut lieu à Londres au début de la présente année,
et où se trouvaient réunies environ cent peintures de Van Dyck, un autre
ensemble formé de pages créées seulement en Belgique, et choisies entre celles des
galeries de Dresde et de Munich, du Louvre et du Belvédère, l’on verrait que toutes
les élégances du courtisan ne sont qu’un vêtement d’emprunt. L’artiste comprend
à merveille que, devant l’histoire, son renom devra se fonder d’abord sur un ordre
de créations où l'amour de la nature dont il se sent possédé se fera jour avec une
énergie plus mâle que dans les œuvres écloses sous l’influence énervante des gracieux
modèles que lui procure la cour de Saint-James.

Passant sur les plus anciens séjours de Van Dyck à Londres, séjours de peu de
durée et sur lesquels les renseignements font presque totalement défaut, nous
savons quelle faveur l’accueillit à son voyage décisif de 1632. Au surplus, il arrivait
dans la capitale anglaise précédé d’une vaste réputation, porteur de tout un
ensemble d’effigies princières destinées spécialement au roi et à la reine L Depuis
bien des mois Gerbier était chargé de préparer sa venue et le jeune artiste qui
tenait grandement à ne se présenter à Londres que sous les auspices de l’Infante
et de la Reine mère, dont il venait d’achever le portrait à Bruxelles, entra dans une
colère violente en apprenant que Gerbier s’était abstenu de lui faire part des désirs
du roi, son maître 1 2.

Dès le mois de mars 1629, Charles Ier avait, par l’intermédiaire d’un de ses
gentilshommes, Endymion Porter, fait à Van Dyck la commande d’un tableau. La
peinture fut expédiée d’Anvers au mois de décembre. Rubens qui se trouvait alors
à Londres, comme le fait observer M. Vanden Branden, aura sans nul doute fait
ressortir auprès du roi la valeur de l’œuvre de son ancien élève 3.

C’est, du reste, une page remarquable. Le sujet, Renaud et Armide, a été traité
diverses fois par le maître. L’une de ces versions se trouve au Louvre, et nous
avions cru jadis pouvoir l’identifier avec la peinture commandée par Charles Ier. Il
sera plus logique, pensons-nous, d’envisager le tableau plus considérable, appar-
tenant au duc de Newcastle, comme représentant la toile arrivée en Angleterre
dès l’année 1629. La belle estampe de P. de Ballin nous dispense de décrire ici la
composition; celle du Louvre fut interprétée par le burin de Pierre de Jode avec
un égal succès.

L’exécution particulièrement soigneuse de la peinture semble indiquer la haute
importance qu’y dut attacher son auteur. Jamais, à notre connaissance, Van Dyck
ne se montra plus précis dans son dessin. Comme coloriste il persistait dans son
admiration pour les Vénitiens et s’il est juste de qualifier l’œuvre d’irréprochable,
à coup sûr c’est la moins flamande de toutes celles que nous ait léguées son
pinceau.

Il n’est pas sans intérêt, au moment où nous nous occupons des premières
relations de Van Dyck avec Charles Ier, de dire un mot du portrait de Nicolas

1. Voy. la liste de ces œuvres dans W.-H. Carpcnter, Pictorial notices, p. 71.

2. Idem, p. G4.

3. Geschiedenis der Antwerpsche Schilderschool, p. 722.

xxxvi. — 2e PÉRIOnE.

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