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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 6
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Mantz, Paul: Une tournée en Auvergne, 3, La Chaise-Dieu - Moulins
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0511

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UNE TOURNÉE EN AUVERGNE.

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râble et troublante. Devant eux sont leurs deux enfants, le petit
Charles de Bourbon, mort jeune et sans histoire, et Suzanne qui
devint la femme du fameux connétable, celui de la grande traîtrise.
Il est difficile de dire exactement l’âge de cette fillette, mais elle est
née en 1491, et il suffit de lui donner sept à huit ans pour autoriser
notre conjecture : la belle verrière de sainte Catherine à la cathédrale
de Moulins est d’une date qui se rapproche beaucoup de 1500.

Il n’est pas inutile de rappeler, à propos de ce vitrail et de quelques-
uns de ceux qui l’entourent, que certains écrivains croyaient y recon-
naître un caractère italien et prononçaient volontiers le nom de
Benedetto Ghirlandajo. C’est une imagination pure et il y faut défini-
tivement renoncer. Du Broc de Segange, résumant sa pensée sur les
vitraux de la cathédrale, écrit fort bien : « Je n’ai rien trouvé qu’on
puisse attribuer à Benedetto Ghirlandajo. » Il est impossible de
mieux dire ; mais n’est-il pas curieux de noter que le voyage de
Benedetto à Aigueperse et ses relations avec les Bourbon et les Mont-
pensier aient pu laisser, même à Moulins, un souvenir aussi persis-
tant ?

Nous ne perdrons qu’une minute, et c’est trop peut-être, devant
le tableau de Pierre Parrocel qui était autrefois au maître-autel des
Chartreux et que la cathédrale a recueilli sans l’estimer plus qu’il ne
convient. Cette peinture, la Nativité de Jésus-Christ, est fort affli-
geante et elle ne peut intéresser que ceux qui voudraient écrire une
biographie du maître avignonnais. Elle porte en effet l’inscription
suivante : p. parrocel in. pin. yen. 1694, Ætatïvs 22. Ainsi, cette
œuvre, plombée et lourde, a été exécutée à Venise, bien qu’elle n’en
ait ni l’air, ni la couleur, et Pierre Parrocel avait vingt-deux ans
lorsqu’il l’acheva. Si l’artiste savait son âge, ce détail modifie la date
de sa naissance, telle que les livres la donnent d’ordinaire. Ajoutons
une correction de plus au catalogue de Villot, puisque Pierre Parrocel
n’est pas né en 1664, et ne parlons plus de ce pauvre peintre.

Courons à l’œuvre inquiétante que renferme la sacristie et que
les curieux connaissent sous le nom du « triptyque de Moulins » sans
pouvoir en raconter l’histoire. Il parait démontré aujourd’hui que ce
triptyque est la réunion arbitraire et moderne de trois peintures qui
étaient jadis séparées. Quand Mérimée fit son voyage, il vit dans la
chapelle des fonts baptismaux un beau tableau représentant la Vierge
couronnée par des anges, et sur les piliers du chœur deux panneaux
distincts où étaient figurés, d’une part, Pierre II de Bourbon avec
son patron; d’autre part, sa femme, Anne de Beaujeu, avec sainte
 
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