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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
même que M. de Laborde ; mais enfin cela n’est que probable et je
voudrais avoir mieux. Aurais-je trouvé une demi-preuve dans un des
rares dessins de Gaignières qui portent la mention de Clouet? Je
n’ose l’espérer car, je le répète à satiété, les copies du collectionneur
sont trop médiocres pour donner la mesure exacte d’une peinture,
surtout d’une bonne peinture. En tous cas, le portrait dont je parle
aurait été composé à la fin de la vie de François Clouet, car il représente
Léonor d’Orléans-Longueville, à 25 ans environ, et ce prince mourut
à 33 ans en 1573, un an juste après le peintre. Le panneau serait
donc au plus tôt de 1563 L Malheureusement il a disparu.
Ceci est un peu éloigné de l’époque à laquelle on peut rapporter le
portrait d’Elisabeth d’Autriche. Mariée en 1570 à Charles IX, la
jeune reine dut être prise entre cette année et 1575. Pour qu’il
fût de Clouet, il faudrait qu’elle eût été peinte en 1571 au plus tard.
Le costume n’y contredit pas, il s’y accorde au contraire d’une façon
toute particulière, mais que tirerions-nous de ce fait isolé et très
aléatoire? Nous avons bien appris par Jodelle 2 qu’avant ce temps,
Jeannet avait peint le roi Henri II à cheval, en triomphateur, sous
une sorte de dôme, ou de portique, sans doute dans la même attitude
que celle d’un François Ier conservé par Gaignières, d’après l’ori-
ginal de M. de Mesmes3. Mais nous n’avons jamais retrouvé le
Henri 11 en question, et ceci est d’autant plus à regretter que celui
de Gaignières eût pu nous aider dans nos comparaisons.
Dans le François Ier, l’attitude est parfaite, et le fini du détail
dénote un artiste de toute habileté. C’est, d’ailleurs, un des mieux
copiés par le praticien de Gaignières. Il y a, dans les damasquinures
de la cuirasse portée par le roi, beaucoup de cette précision du petit
Charles IX du Louvre, et du Henri II en pied. Le cheval a lui-même
une bonne allure avec sa robe café au lait et ses crins noirs; derrière,
un pan de muraille assez poussé, dont le similaire pouvait se trouver
Seulement, dans le tableau du Louvre le justaucorps est foncé, tandis qu’il est
clair dans le recueil Gaignières. Ce tableau porte le n° 107, et le Henri II le n° 111
du catalogue du Louvre.
1. Bib. Nat., Estampes. Oa 17, fol. 23 (.Recueil de Gaignières).
2. Jodelle, Recueil des inscriptions, figures et masquarades ordonnées en l’hôtel
de ville de Paris, le jeudi 17 de février 1558... Paris, Wechel, 1558, in-4°. Voici le
titre exact du portrait équestre de Henri II : « Icon Henrici (secundi) equitantis domi,
sic super Janetio piclore parisiensi excellentissimo in majore tabula depincti. »
3. Bib. Nat., Estampes, Oa 16, fol. 11 (Recueil de Gaignières). Il y a un portrait
d’Henri II qui est la copie de celui de François Irr, dans la collection Lenoir achetée
par le duc d’Aumale; je ne le connais pas.
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même que M. de Laborde ; mais enfin cela n’est que probable et je
voudrais avoir mieux. Aurais-je trouvé une demi-preuve dans un des
rares dessins de Gaignières qui portent la mention de Clouet? Je
n’ose l’espérer car, je le répète à satiété, les copies du collectionneur
sont trop médiocres pour donner la mesure exacte d’une peinture,
surtout d’une bonne peinture. En tous cas, le portrait dont je parle
aurait été composé à la fin de la vie de François Clouet, car il représente
Léonor d’Orléans-Longueville, à 25 ans environ, et ce prince mourut
à 33 ans en 1573, un an juste après le peintre. Le panneau serait
donc au plus tôt de 1563 L Malheureusement il a disparu.
Ceci est un peu éloigné de l’époque à laquelle on peut rapporter le
portrait d’Elisabeth d’Autriche. Mariée en 1570 à Charles IX, la
jeune reine dut être prise entre cette année et 1575. Pour qu’il
fût de Clouet, il faudrait qu’elle eût été peinte en 1571 au plus tard.
Le costume n’y contredit pas, il s’y accorde au contraire d’une façon
toute particulière, mais que tirerions-nous de ce fait isolé et très
aléatoire? Nous avons bien appris par Jodelle 2 qu’avant ce temps,
Jeannet avait peint le roi Henri II à cheval, en triomphateur, sous
une sorte de dôme, ou de portique, sans doute dans la même attitude
que celle d’un François Ier conservé par Gaignières, d’après l’ori-
ginal de M. de Mesmes3. Mais nous n’avons jamais retrouvé le
Henri 11 en question, et ceci est d’autant plus à regretter que celui
de Gaignières eût pu nous aider dans nos comparaisons.
Dans le François Ier, l’attitude est parfaite, et le fini du détail
dénote un artiste de toute habileté. C’est, d’ailleurs, un des mieux
copiés par le praticien de Gaignières. Il y a, dans les damasquinures
de la cuirasse portée par le roi, beaucoup de cette précision du petit
Charles IX du Louvre, et du Henri II en pied. Le cheval a lui-même
une bonne allure avec sa robe café au lait et ses crins noirs; derrière,
un pan de muraille assez poussé, dont le similaire pouvait se trouver
Seulement, dans le tableau du Louvre le justaucorps est foncé, tandis qu’il est
clair dans le recueil Gaignières. Ce tableau porte le n° 107, et le Henri II le n° 111
du catalogue du Louvre.
1. Bib. Nat., Estampes. Oa 17, fol. 23 (.Recueil de Gaignières).
2. Jodelle, Recueil des inscriptions, figures et masquarades ordonnées en l’hôtel
de ville de Paris, le jeudi 17 de février 1558... Paris, Wechel, 1558, in-4°. Voici le
titre exact du portrait équestre de Henri II : « Icon Henrici (secundi) equitantis domi,
sic super Janetio piclore parisiensi excellentissimo in majore tabula depincti. »
3. Bib. Nat., Estampes, Oa 16, fol. 11 (Recueil de Gaignières). Il y a un portrait
d’Henri II qui est la copie de celui de François Irr, dans la collection Lenoir achetée
par le duc d’Aumale; je ne le connais pas.